- Homme libre héros du songe et du désir de ses mains qui saignaient poussant les portes d’or esprit et chair Pascin dédaigna de choisir et maître de la vie il ordonna la mort.
- André Salmon
lundi 14 septembre 2015
Jules Pascin 1885-1930.
Entrée littéraire
Un
déluge de mots nous isole de l'encre. Camps de rétention où l'âme
s'assèche sous les coups d'abondance. Que faire, stylo en main, face
à une muse qui ne s'amuse plus, effrayée par le rayon des
librairies ?
Suzanne Musard
Le prodige, madame, c’est qu’au rivage où vous nous faites jeter à demi-morts, nous gardons le souvenir émerveillé de notre désastre. Il n’y a plus d’oiseaux vivants, il n’y a plus de fleurs véritables. Chaque être couve la déception de se savoir unique. Même ce qui naît de lui ne lui appartient pas et, d’ailleurs, naît-il quelque chose de lui ? Est-ce qu’il sait ? Le prodige encore, c’est que l’engloutissement de toute cette splendeur soit une question de temps, disons presque d’âge, et qu’un jour nous puissions découvrir une épave sur le sable où nous sommes sûrs que la veille il n’y avait rien.
Je
vous apporte la plus belle et peut-être la seule épave de mon
naufrage. Dans ce coffret dont je n’ai pas la clef et que je vous
livre dort l’idée désarmante de la présence et de l’absence
dans l’amour.
André
Breton
Serge Airoldi
En voyage, loin des ponants familiers, des roses des sables et des tables alphonsines, la proximité avec la poésie est aussi forte que son leurre magnifique.
Les
Rose de Samode, Serge Airoldi
Que faire ?
Aujourd’hui, pas
de projet en cours, encore moins un quelconque vœu révolutionnaire.
Plutôt une latence diffuse en même temps que des problèmes dits de
société dont la liste ne cesse de s’allonger. Un embarras bien
sûr, en tout cas pour bon nombre de citoyens confrontés pas tant à
l’absence de repères comme on ne cesse de le répéter qu’à un
nombre impressionnant de savoirs mais chacun d’eux valant autant
qu’un autre, ceci allant parfois jusqu’à mettre la pure et
simple opinion en balance avec la parole de l’expert. De ce fait,
notre « Que faire ? » se pose sur fond de déprime généralisée,
sinon d’engluement, dont nous désespérerions d’emblée de nous
sortir. En serions-nous arrivés à ce que notre désir lui-même se
présente aux abonnés absents ?
Jean-Pierre Lebrun
extrait d'un article
publié chez Le Passant ordinaire
Sophie Lemp
Il y avait une jeune fille amoureuse à
la fin de la guerre en Auvergne. Il y avait une femme dévastée,
mère seule, triste et dépassée. Il y avait une grand-mère
parfaite, active et disponible. Toutes se fondent en une désormais.
Et ce fil qui, en moi, continue à se dérouler.
Le Fil, Sophie Lemp
Vallon
Je
me déchaussais, relevais mes bas de pantalons et descendais dans le
torrent pour y mouiller mon visage. Je bus un peu d'eau pour
retrouver le goût de mica et de fer qu'elle laisse sur la langue. Je
regardais l'enchevêtrement de troncs et de fougères qui
m'entourait, les roches humides perçant la terre du bois sur les
pentes du vallon. Je revins sur la rive et savourais le contact de
mes pieds sur la roche parsemée de feuilles.
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