mardi 13 mai 2025

Zu Asche, zu Staub

 


La psychologue hospitalière Sara Piazza s’étonne qu’une large partie de la gauche considère l’aide active à mourir comme une cause progressiste. Elle y voit surtout une manière de pallier les carences du système de santé et craint une logique de tri qui s’effectuerait entre les existences dignes ou non de se poursuivre.

Le texte actuellement étudié à l’Assemblée nationale propose un délai de quinze jours entre la demande et l’exécution du geste létal. Or il faut aujourd’hui, par exemple, six mois d’attente en région parisienne pour une consultation dans un centre antidouleur. Comment soutenir que l’accès à la mort devienne plus rapide que la possibilité d’être soigné ?

Glané sur le site du journal de tous les pouvoirs.

 

mercredi 23 avril 2025

In vino veritas

 

"Ni moi ni les gens qui ont bu avec moi, nous ne nous sommes à aucun moment sentis gênés de nos excès. «.Au banquet de la vie.», au moins là bons convives, nous nous étions assis sans avoir pensé un seul instant que tout ce que nous buvions avec une telle prodigalité ne serait pas ultérieurement remplacé pour ceux qui viendraient après nous. De mémoire d'ivrogne, on n'avait jamais imaginé que l'on pouvait voir des boissons disparaître du monde avant le buveur."

Guy Ernest Debord, Panégyrique

 

Le TFA (acide trifluoroacétique), le plus répandu des polluants éternels, ne contamine pas seulement l’eau du robinet des Européens ; il est aussi présent dans le vin, et à des taux très supérieurs. Les principaux suspects sont les pesticides à base de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), dont les molécules actives se dégradent en TFA. Plus préoccupant encore, depuis les années 2000, les concentrations de TFA augmentent dans le vin à un rythme galopant, selon une progression qui suit jusqu’à présent une courbe qui a tous les traits d’une exponentielle. Tels sont les principaux enseignements d’analyses rendues publiques, mercredi 23 avril, par le réseau d’associations Pesticide Action Network (PAN) Europe.

 

lundi 14 avril 2025

De la dignité

 


Trump, haine de masse, science... Pour l'ami Jacques Luzi : rien ne va plus dans ce monde ! C'est le moins que l'on puisse dire et ce n'est pas la première fois qu'il l'affirme

Et si l'on se demande pourquoi continuer à penser en ces temps de détresse, on répondra que c'est bien parce que la détresse est si générale qu'il faut continuer à (la) penser. 

"Prise dans ce déchaînement de la déraison, la raison est un combat, probablement perdu d’avance. Il n’empêche : elle demeure la dignité de ceux qui n’abdiquent pas, non seulement devant les stigmatisations en provenance des fanatiques de tout bord, mais aussi face à la barbarie qui vient." 

Publié par les camarades de Pièces & Main d'Oeuvre, on trouvera son texte en cliquant ici

 

lundi 31 mars 2025

Banalités de base

 


La société modernisée jusqu’au stade du spectaculaire intégré se caractérise par l’effet combiné de cinq traits principaux, qui sont : le renouvellement technologique incessant; la fusion économico-étatique; le secret généralisé; le faux sans réplique; un présent perpétuel. 

Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle 


vendredi 28 mars 2025

Nihil sub sole novum

 


Nous possédons environ 50 % des richesses du monde, mais seulement 6,3 % de sa population. Notre véritable tâche dans la période à venir est de concevoir un modèle de relations qui nous permettra de maintenir cette position de disparité sans porter préjudice à notre sécurité nationale. Pour ce faire, nous devrons nous débarrasser de toute sentimentalité et de toute rêverie, et notre attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas croire que nous pouvons nous offrir aujourd’hui le luxe de l’altruisme et du bien-être mondial. Nous devrions cesser de parler d’objectifs vagues et irréels, tels que les droits de l’homme, l’élévation du niveau de vie et la démocratisation. Le jour n’est pas loin où nous devrons utiliser des concepts de pouvoir purs et durs. Moins nous serons gênés par des slogans idéalistes, mieux ce sera.

George Kennan, 23 février 1948 - The State Department Policy Planning Staff papers, p. 121-122.  (Traduction Jacques Luzi)


vendredi 14 mars 2025

Résistible

 


Seule une incompréhension totale de la politique et un optimisme naïf peuvent méconnaître que la tendance inéluctable de tous les peuples civilisés bourgeoisement constitués débouche sans aucun doute possible, après une période de concurrence extérieurement pacifique, sur le moment où seule la puissance décidera de la part de chacun dans la domination économique de la terre, et donc du niveau de vie de sa population. 

Max Weber


mardi 11 mars 2025

N'être rien

 

Et j'ai pensé à ce sujet qu'en voyant dans les magazines les portraits de ceux-là qu'on estime considérables en toutes activités et qu'on donne en référence à l'émulation (...), qui sont en vainqueurs dans la compétition sociale; qu'à une époque où ces gens là sont quelque chose, on se dit, avec un véritable soulagement, que c'est une légitime satisfaction d'amour propre, une sorte de grandeur, de n'être absolument rien.

Baudoin de Bodinat, La vie sur Terre, Réflexions sur le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes

lundi 10 mars 2025

Les irresponsables

 


L'Histoire et son étude sont les alliés de l'honnête homme et de l'honnête femme. En ces temps de fascisation de moins en moins rampante des esprits et de nos institutions, on lira avec profit le dernier ouvrage de l'historien du nazisme Yohann Chapoutot : Les irresponsables Qui a porté Hitler au pouvoir.  

Non sans un certain sentiment de vertige, on apprendra ainsi qu'un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d’affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d’élites traditionnelles, a perdu tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50 % à moins de 10 % des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. 

Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu’elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l’extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l’installer au sommet.

Si cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933, on ne pourra s'empêcher de dresser un pont, sinon plusieurs, avec la situation actuelle. On songera également, pourquoi pas, à la phrase de Marx au début de son Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte : "Tous les grands événements et personnages de l'histoire se produisent pour ainsi dire deux fois : la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide."  

Dans le cas où l'on ne souhaiterait pas se procurer cet ouvrage, on peut se faire quelques idées de la teneur, solide et étayée, de son propos en écoutant son auteur causer face à la caméra ou dans le poste.

mercredi 5 mars 2025

Ecogestes

 


Glané dans l'excellent magazine en ligne Frustration, cet article de Clément Sénéchal rappelle quelques banalités de base sur les concepts "écologiques" élaborés par le Capital et ses séides. Des concepts que reprennent et appliquent bon nombre d'idiots utiles de notre temps.

Prisée par les ONG, les colibris et les journalistes aussi bien que par les gouvernements bourgeois et les multinationales fossiles, la religion des écogestes est devenue l’entrée principale dans la cause environnementale. Pourtant, à l’examen, elle s’avère absolument délétère. L’approche sociologique démontre que l’écocitoyenneté morale accroît la violence symbolique qui pèse sur les classes populaires, et les sciences cognitives qu’elle détourne l’individu de l’action systémique aujourd’hui nécessaire. Il est donc temps de se débarrasser de ce paradigme paresseux, véritable Cheval de Troie des néolibéraux pour désagréger l’action collective.

La suite ici.

vendredi 7 février 2025

Suivez mon regard

 


Avant d’entreprendre cette démarche je consultai un grand nombre de dirigeants économiques et m’enquérait de leur état d’esprit. Il en ressortait qu’ils aspiraient à un homme fort qui pourrait former un gouvernement durable. Lorsque le NSDAP a subi son premier revers, le 6 novembre 1932, un soutien de la part de l’économie allemande est devenu urgent. 

L’intérêt commun du grand capital résidait dans la peur du bolchevisme et dans l’espoir que les nazis, une fois au pouvoir, créeraient en Allemagne les conditions d’une politique et d’une économie stable. Un autre intérêt commun était le souhait partagé de réaliser le programme économique d’Hitler, dont un des points essentiels était que l’économie devait se diriger elle-même.

Kurt Freiherr von Schröder, banquier  

 

On précisera la stratégie du conglomérat d'intérêts composé d'hommes d'affaires, d'industriels, de libéraux-autoritaires, d'élites traditionnelles et de médias réactionnaires qui fit nommer Hitler chancelier en lisant l'excellent livre de Johann Chapoutot, Les Irresponsables, Qui  a porté Hitler au pouvoir ?