mercredi 10 septembre 2025

Se souvenir de Jaroslav Hašek (1883-1923)


Bohumil Hrabal, qui s’y connaissait en matière de bières et de palabres, ne s’y trompait pas. C’est ainsi qu’il décrivit à un plumitif qui l’interviouvait cet écrivain « splendidement monstrueux et tendre et en même temps tellement vivant, tellement présent, dadaïste et réaliste à la fois et qui a disparu à l’âge de quarante ans ». Le plumitif de demander : « Vous parlez de Kafka ? » et Hrabal de répondre : « Hašek ! Hašek ! Jaroslav ! ».

Pauvre, poète, journaliste, tchèque, employé de bureau, anarchiste, commissaire politique, voleur de chiens, gros buveur, candidat à la mairie de Prague au nom du Parti pour un progrès modéré dans les limites de la Loi, Jaroslav Hašek gagne à être lu.

Attaquant dans ces récits & nouvelles l’État et l’Armée comme l’Église, et tout ce qui fait mine d’autorité, Hašek corrode par la dérision les ventres & les visages de toutes ces hiérarchies. Loin, très loin, des romans inoffensifs & masturbateurs que nous propose le Marché, on lira avec profit Le Brave soldat Chvéïk et ses suites, ainsi qu’un recueil de quelques unes de ses savoureuses et nombreuses nouvelles : Le guide du Rien.