Alors
que nous voilà sur le point de disparaître, sacrifiant la Nature et ce
qui fait société sur l’autel du retour sur investissement, des
philosophes, ou se proclamant tels, brodent de livres en blogs sur
leur désengagement. On les voit ainsi hausser le sourcil face au
militant, ce factotum des Grands soirs, ce piéton parfois lourdingue
des horizons programmés, ce sans grade sacrifiant le plus précieux
de lui même pour des causes qui, parfois, valaient la peine.
L’exercice
date des Trente glorieuses. La figure honnie du militant est née
chez les Situs. D’abord utile à dénoncer l’abrutissement
stalinien et ses rhizomes, elle fut vite récupérée par le système
comme un instrument utile de démobilisation. De savoir penser par
soi-même, hors de la ligne d’un parti, jusqu’à l’excellente
raison de ne plus faire grand-chose... le chemin fut vite accompli.
Et certains, à la façon d’un Oscar Wilde, auraient pu reprendre à
leur compte cette célèbre antienne : « Je suis pour le
socialisme, ce qui m’ennuie c’est les réunions le soir ».
Quant
à nos philosophes désengagés (Comte-Sponville, Schiffter, Ferry, Glucksmann, Rosset, Enthoven et alii), et visiblement accros à
l’après-shampoing, nous viennent ces paroles de Diogène : « A quoi peut bien nous servir un homme qui a
déjà mis tout son temps à philosopher sans jamais inquiéter
personne ? ».