mardi 6 octobre 2015
Se souvenir de Roberto Bolano (1953 - 2003)
2 novembre
J'ai été cordialement invité à
faire partie du réalisme viscéral. Évidemment, j'ai accepté. Il
n'y a pas eu de cérémonie d'initiation. C'est mieux comme ça.
3 novembre
Je ne sais pas très bien en quoi
consiste le réalisme viscéral. J'ai dix-sept ans, je m'appelle Juan
Garcia Madero, je suis en premier semestre du cursus de droit. Je
voulais faire des études de lettres, pas de droit, mais mon oncle a
insisté et au bout du compte j'ai fini par m'incliner. Je suis
orphelin. Je serai avocat. C'est ce que j'ai dit à mon oncle et à
ma tante et ensuite je me suis enfermé dans ma chambre et j'ai
pleuré toute la nuit. Ou du moins une bonne partie. Puis, avec une
résignation de façade, j'ai fait mon entrée à la glorieuse
faculté de droit, mais au bout d'un mois je me suis inscrit à
l'atelier de poésie de Julio César Alamo, à la faculté de
philosophie et de lettres, et c'est comme ça que j'ai connu les
réal-viscéralistes, ou les viscéralistes ou même vicerréalistes
comme ils aiment parfois s'appeler.
Roberto Bolano, Les détectives
sauvages.
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