L'Histoire et son étude sont les alliés de l'honnête homme et de l'honnête femme. En ces temps de fascisation de moins en moins rampante des esprits et de nos institutions, on lira avec profit le dernier ouvrage de l'historien du nazisme Yohann Chapoutot : Les irresponsables Qui a porté Hitler au pouvoir.
Non sans un certain sentiment de vertige, on apprendra ainsi qu'un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d’affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d’élites traditionnelles, a perdu tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50 % à moins de 10 % des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie.
Cet extrême centre se pense
destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et
portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent
qu’elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir,
qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec
l’extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout,
et de l’installer au sommet.
Si cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933, on ne pourra s'empêcher de dresser un pont, sinon plusieurs, avec la situation actuelle. On songera également, pourquoi pas, à la phrase de Marx au début de son Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte : "Tous les grands événements et personnages de l'histoire se produisent pour ainsi dire deux fois : la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide."
Dans le cas où l'on ne souhaiterait pas se procurer cet ouvrage, on peut se faire quelques idées de la teneur, solide et étayée, de son propos en écoutant son auteur causer face à la caméra ou dans le poste.