Le propos
de mon dernier roman [1984] n'est PAS d'attaquer le socialisme ou le
parti travailliste britannique (que je soutiens), mais de dénoncer
les risques que comporte une économie centralisée et dont le
communisme et le fascisme ont déjà en partie donné l'exemple. Je
ne crois pas que le type de société que je décris doive nécessairement arriver, mais je crois (compte tenu, évidemment, du
fait que ce livre est une satire) que quelque chose de semblable
pourrait arriver. Je crois aussi que les idées totalitaires
ont pénétré partout la mentalité des intellectuels, et j'ai voulu
pousser ces idées jusqu'à leurs conséquences logiques. J'ai situé
ce livre en Grande-Bretagne pour bien montrer que les peuples
anglophones ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que
le totalitarisme, s'il n'est pas combattu, peut triompher
n'importe où.
George Orwell, lettre à Francis A. Henson, des United Automobile Workers, 16 juin
1949. Traduction
Anne Krief, Bernard Pêcheur & Jaime Semprun.