Une centrale photovoltaïque
couvrant 16,7 hectares va être implantée par la multinationale
canadienne Boralex sur les flancs de la montagne de Lure, non loin
du village de Cruis. Cette surface artificialisée va être imposée
au milieu de champs cultivés, à la place d'une forêt de pin Atlas,
rasée à blanc, où nichent le bruant ortolan et le circaète
Jean-le-Blanc et autres espèces non rentables. On peut imaginer sans
peine l'effet que produiront ces centaines de panneaux sur les flancs
de la montagne d'autant plus que des funestes projets de ce genre
pullulent ici avec des menaces qui, après Ongles, commencent à planer au-dessus du Revest Saint Martin et du Contadour.
Comme l'explique Isabelle Bourboulon dans un article publié dans Blast : "Dans la répartition régionale du potentiel de développement des projets
photovoltaïques, sans surprise le département rural des
Alpes-de-Haute-Provence tient la corde : 74 000 MegaWatt-crête (MWc) de
puissance à produire, dont 90 % sur des zones à « enjeux forts » (zones
agricoles et forestières), sur les 230 000 MWc attendus pour l’ensemble
de la région Paca.
Autrement dit, en matière de production d’électricité on attend de la
ruralité qu’elle vienne au secours des villes et des industries !".
L'association Elzeard Lureen résistance, et quelques autres habitants de la montagne, luttent
contre cette implantation. Se sont ainsi succédés quatre semaines
de blocages de chantier, des recours juridiques, des interventions
auprès des habitants et des élus. Des actions qui ont
automatiquement suscité la répression : contraventions, auditions
libres en série, intervention du PSIG, convocation de journalistes à
la gendarmerie, GAV suivies de contrôles judiciaires avec demandes
de caution exubérantes et interdiction de sites. Dernièrement, une nouvelle tentative de blocage de chantier a suscité les réactions musclées des vigiles stipendiés par la multinationale Boralex.
Deux opposantes à cette
installation, Sylvie, 60 ans, et Claudine, 72 ans, seront
jugées le 5 décembre prochain au tribunal de Digne. La société
Boralex réclame 30 000 euros de dommages au titre des retards du
chantier. Les deux militantes risquent également 2 ans de prison
pour s’être allongées en travers du chemin des engins de chantier
commandés par Boralex.