mercredi 22 novembre 2023

Le soleil a rendez-vous avec la thune


 

Une centrale photovoltaïque couvrant 16,7 hectares va être implantée par la multinationale canadienne Boralex sur les flancs de la montagne de Lure, non loin du village de Cruis. Cette surface artificialisée va être imposée au milieu de champs cultivés, à la place d'une forêt de pin Atlas, rasée à blanc, où nichent le bruant ortolan et le circaète Jean-le-Blanc et autres espèces non rentables. On peut imaginer sans peine l'effet que produiront ces centaines de panneaux sur les flancs de la montagne d'autant plus que des funestes projets de ce genre pullulent ici avec des menaces qui, après Ongles, commencent à planer au-dessus du Revest Saint Martin et du Contadour. 
 
Comme l'explique Isabelle Bourboulon dans un article publié dans Blast : "Dans la répartition régionale du potentiel de développement des projets photovoltaïques, sans surprise le département rural des Alpes-de-Haute-Provence tient la corde : 74 000 MegaWatt-crête (MWc) de puissance à produire, dont 90 % sur des zones à « enjeux forts » (zones agricoles et forestières), sur les 230 000 MWc attendus pour l’ensemble de la région Paca. Autrement dit, en matière de production d’électricité on attend de la ruralité qu’elle vienne au secours des villes et des industries !".
 
L'association Elzeard Lureen résistance, et quelques autres habitants de la montagne, luttent contre cette implantation. Se sont ainsi succédés quatre semaines de blocages de chantier, des recours juridiques, des interventions auprès des habitants et des élus. Des actions qui ont automatiquement suscité la répression : contraventions, auditions libres en série, intervention du PSIG, convocation de journalistes à la gendarmerie, GAV suivies de contrôles judiciaires avec demandes de caution exubérantes et interdiction de sites. Dernièrement, une nouvelle tentative de blocage de chantier a suscité les réactions musclées des vigiles stipendiés par la multinationale Boralex.
 
Deux opposantes à cette installation, Sylvie, 60 ans, et Claudine, 72 ans, seront jugées le 5 décembre prochain au tribunal de Digne. La société Boralex réclame 30 000 euros de dommages au titre des retards du chantier. Les deux militantes risquent également 2 ans de prison pour s’être allongées en travers du chemin des engins de chantier commandés par Boralex.