Il est toujours bon
de doucher l’optimisme (de moins en moins béat, il faut le
reconnaître) de celles et ceux qui trouvent notre organisation
sociale toujours « vivable ». Activité qui se révèle
moins ardue qu’auparavant car, avec la raréfaction des espèces et,
par là-même, des capacités de survie de l’humanité, se
raréfient les arguments, régurgités ad libitum après le
journal vespéral, contre notre juste critique du "Progrès".
Nous
avons noté ainsi à quel point la dégradation générale de nos
conditions d’existence rend sa banale évidence aux plus radicales
de nos constatations. D’aucuns auront noté que si, hélas, les
consciences ne se radicalisent pas et si
l’énergie employée au déni atteint des proportions
impressionnantes, le réel, avec toute la violence dont nous le
savons capable, se radicalise, lui, à une vitesse littéralement
folle. Il ne sera bientôt plus la peine d'élaborer, face aux thuriféraires de nos démocraties de marchés, un discours
argumenté sur la catastrophe présente : il suffira de désigner simplement chacune de
ses manifestations et cette
sinistre propagande par le fait rythmera ces constatations, chaque fois plus nombreuses,
du son de sa marche funèbre.
Ce matin, ainsi, on mentionnera
ces vieilles femmes japonaises, esseulées, abandonnées et si
pauvres qu’elles n’ont plus d’autres ressources que de
commettre un nombre suffisant de larcins pour aller en prison - ultime refuge dans cet étrange avant poste du capitalisme qu'est le Japon -, où elles trouvent
nourriture, chauffage et compagnie. On rappellera aussi, sans prendre
la peine d’indiquer l’évidence du lien, qu’un tiers des
oiseaux de nos campagnes a disparu depuis la fin des années 2000 et
que le rythme de cette disparition ne cesse de s’accélérer depuis
deux ans. Le silence des bois sera alors le nôtre.