lundi 5 octobre 2015
Se souvenir d'André Blanchard (1951 - 2014)
Le spleen nous épingle un galon d'avant-garde : qu'on meurt un peu chaque jour, nous le prouvons.
*
Coller au dogme de l'époque, lequel
promotionne l'accélération en tout, la lecture ne saurait couper à
ça, ont dû se dire nos frappés – sauf par ce qu'ils méritent
des taloches.
La lecture considérée comme un
sprint, nous y sommes ; ainsi France Inter nous livre cinq
matins par semaine la chronique d'une journaliste qui parle d'un
livre, ce qui, au compteur, attribue à celle-ci près de mille cinq
cents pages lues par semaine. Reprenons notre sérieux et disons
qu'il faudrait un mot qui soit à la lecture ce qu'est le mot
« nègre » à l'écriture.
*
Comme convive à réinviter, l'abbé
Mugnier se posait là tant on était sûr, avec lui, qu'au menu il y
en aurait de bien bonnes. Lors d'un dîner où la conversation vint
sur Léautaud, l'abbé dit que celui-ci pouvait dire ou écrire des
choses choquantes, peu importe, "il sera sauvé", parce qu'au
jugement dernier il y aura tellement d'animaux qui intercèderont
pour lui que Dieu, quasi la larme à l'oeil, lui ouvrira les portes.
C'est mignon tout plein.
Et c'est le paradoxe dont pourrait se
targuer la religion catholique : les images en provenance du
ciel sont à ce point belles qu'elles se passent d'être vraies.
*
Avoir la littérature dans la peau a
son synonyme : la vie vaut plus le coup d'être lue que vécue.
Écrire en rajoute une couche. La vie ?
C'est ce dont on se souvient.
*
Il y a peu j'ai lu cette appréciation
à propos de mes Carnets : « pour public cultivé ».
C'est flatteur ; mais enfin, si c'est là un tableau d'honneur,
disons qu'il est à l'image d'un salon Guermantes seconde manière,
quand une Verdurin y préside : c'est un déclassement. Il y a
un siècle, le public cultivé eû trouvé mes Carnets
l'égale, en liturgie, du temps ordinaire.
*
André Blanchard, À la demande
générale.
Transports en commun
La
science et les techniques ayant mis, semble-t-il, un petit coin
d'univers à la portée de l'homme, son désir s'enflamme et il
s'imagine volant de mondes en mondes. C'est d'ailleurs le siècle des
transports
en commun.
Jean
Giono, Le
bonheur est ailleurs
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