Avec
les morts, les malades et le désespoir de ceux qui, confinés et
sans travail, voient leurs ressources s'amenuiser dans des lieux qui
n'ont de vie que le nom, ce qui domine, dans ces journées rythmées
par la pandémie, c'est bien l'obscénité.
L'obscénité
légère et labile chez celles et ceux qui, à vingt heures tapantes
chaque jour, applaudissent les personnels soignant livrés le plus
souvent à eux mêmes et sous-équipés. Des femmes et des hommes
aujourd'hui qualifiés de héros par un gouvernement qui, il y a
quelques mois, envoyait ces CRS et ces gardes mobiles les molester
parce qu'ils avaient l'outrecuidance de jeter l'alarme sur l'état de
l'hôpital public. Un gouvernement qui, en témoigne le dernier rapport de la Caisse des dépots et consignations compte bien, la
pandémie officellement résorbée, accélérer le processus de
destruction/privatisation de l'hôpital public entamé par les
précédents gouvernements.
Cette
obscénité là, ne devrait pas surprendre de la part de personnes
qui, au sens le plus clinique du terme, présentent les aspects les
plus évidents de la sociopathie. On peut se demander, par contre, ce
que signifient ces applaudissements sur les balcons du peuple. Car
enfin, qui applaudissent-ils ? Celles et ceux qui, aujourd'hui,
mouillent la blouse (souvent déchirée) et vont au casse-pipe,
littéralement, pour leur sauver la mise ? Ceux là mêmes qu'ils
n'ont pas soutenu, quelques temps auparavant, lorsqu'ils se faisaient
régulièrement matraquer et gazer par la police ? Ou bien,
s'applaudissent-ils eux-mêmes de soutenir un confinement si long ?
On peut aussi penser que, à la façon des enfants effrayés
par le silence de la nuit, ils font un peu de bruit pour se sentir
moins abandonnés par un régime qui a bien montré n'avoir cure de
leur existence...
Une
autre obscénité : celle, satisfaite et repue, d'un Yves Calvi,
supposé journaliste, déclarant, le 12 mars dernier, être las de la
"pleurniche permanente hospitalière", comme le
rappelait cette chère Jane dans son journal.
Il y a
aussi l'obscénité décomplexée, et presque automatique, d'un
Blanquer remerciant, dans une avalanche de mels, les enseigants pour
lesquels il aura toujours fait montre du plus profond mépris, à la
fois pour leur personne et pour leur matière, depuis qu'il est
ministre de l'éducation nationale.
La
liste pourrait continuer à s'allonger jusqu'à la nausée. Brisons
là pour le moment et espérons simplement que ce qui a été appris
une fois ne sera pas oublié.