Le site du journal Fakir livre quelques lignes de l'interview de l’épidémiologiste Richard Wilkinson, auteur de Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. On pourra retrouver l'intégralité du propos là.
R.W. : Vous parlez de convertir des personnes riches. Ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la démocratie. Les Etats-Unis et de nombreux pays développés sont devenus plus
égalitaires pendant les années trente seulement parce qu’ils avaient
peur du communisme et du syndicalisme. Pendant toute une période ils ont
réduit les inégalités. Quand des protestataires ont secoué la voiture
d’un dirigeant de la Bank of Scotland, ont cassé sa fenêtre, eh bien, ce
jour-là, je crois que ce financier a commencé à s’inquiéter, à se
soucier de comment il était vu, jugé. Les riches n’abandonnent leur position que face à une menace sociale.
C’est aux gens, pas aux riches, de prendre conscience de ces injustices,
et du fait que les oligarques ne méritent pas ces privilèges.
F.R. : Donc, il faut créer une menace sociale pour changer Bernard Arnault ?
R.W. : Notre regard sur les riches doit changer, il
faut en finir avec l’admiration, ou la déférence. On devrait les
considérer comme des égoïstes, des antisociaux, les mépriser, et qu’ils
le sachent. C’était le cas dans la préhistoire. Christopher Boehm, un expert des
sociétés de cueillette et de chasse, a rassemblé des données sur deux
cents sociétés différentes. La plupart étaient extraordinairement
égales, basées sur le partage de la nourriture, l’échange de dons.
D’après lui, ils maintenaient l’égalité en ridiculisant ceux qui se
voulaient supérieurs, ou ils les exilaient, et dans certains cas, ils
étaient même tués. Il montre comment ce qu’il appelle des « stratégies
contre les dominants » fonctionnaient.
F.R. : Maintenant, vous voulez le tuer !
R.W. : Dans une certaine mesure, les démocraties
modernes sont une « stratégie contre les dominants », mais c’est une
contrainte inefficace. Il faut la rendre plus efficace.