J'aime
croire à la vitesse des femmes. Cette faculté de prendre le temps
du désir comme il vient, sans jouissances obligatoires. Il y a
cette île formée par la conversation, cette lumineuse attention à
l'autre, cet archipel de mots décorant l'envie de le sentir.
Dans
les films de Truffaut, reviennent souvent, logés dans un dialogue,
ces mots : « - Attends, attends... - Oui, j'attends. »
Où le désir patiente, attentif à se faire rattraper par le désir
de l'autre.
Le
temps des amants est un temps volé aux épiciers. Il n'y a rien de
plus précieux pour nous que ce temps perdu, ce temps sans
efficacité, ce temps orgueilleux au point d'adopter sa propre
vitesse.
Dans
le désir et l'amour, le sens de la vitesse est sans doute ce qui
s'est le plus perdu dans l'égarement moderne. Il n'y a pas si
longtemps, on parlait encore d'à propos ; mots semblant issus d'une
langue trois fois morte tant il faut faire preuve, pour en goûter
le sens, d'une attention soutenue.