" Mais revenons : je débarque chez les peuples primitifs. Ils ont deux
fois cherché à me tuer, je le raconte dans mes livres. Mais ça m’était
indifférent, j’avais une sorte de supériorité intérieure qui en
imposait, qui m’a permis de tenir. J’étais là par la grâce du chaman,
qui s’appelait Uutaq et qui m’avait en quelque sorte adoubé. Mais
attention, rien n’est dit chez les Inuits, tout se joue toujours dans le
comportement, le sous-texte. C’est du Derrida !
Sous les mots. Mais aussi le contexte, les traits du visage, tout
importe… Il faut comprendre que c’est une des populations les plus
primitives de l’Arctique. J’arrive dans un petit groupe de 25 personnes.
Ils sont loin d’être pacifiques, ils s’entretuent, ils ont été
violentés par leurs voisins esquimaux. Ils ont fait le choix de ne
jamais se chauffer ni s’éclairer. Ils dépendent du caribou, qui est de
plus en plus rare — alors qu’il leur en faut 50 à 60 par an. Comme ils
en manquent, ils mangent un poisson cru toutes les quatre heures. Ils ne
cuisent pas le poisson, ils le réchauffent « du dedans » ! "
La suite de cet entretien impressionnant de Jean Malaurie, géomorphologue "animiste" amoureux du Grand Nord, est accessible sur l'indispensable Ballast.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire