mercredi 15 juin 2016

Malaurie chez Ballast



" Mais revenons : je débarque chez les peuples primitifs. Ils ont deux fois cherché à me tuer, je le raconte dans mes livres. Mais ça m’était indifférent, j’avais une sorte de supériorité intérieure qui en imposait, qui m’a permis de tenir. J’étais là par la grâce du chaman, qui s’appelait Uutaq et qui m’avait en quelque sorte adoubé. Mais attention, rien n’est dit chez les Inuits, tout se joue toujours dans le comportement, le sous-texte. C’est du Derrida ! Sous les mots. Mais aussi le contexte, les traits du visage, tout importe… Il faut comprendre que c’est une des populations les plus primitives de l’Arctique. J’arrive dans un petit groupe de 25 personnes. Ils sont loin d’être pacifiques, ils s’entretuent, ils ont été violentés par leurs voisins esquimaux. Ils ont fait le choix de ne jamais se chauffer ni s’éclairer. Ils dépendent du caribou, qui est de plus en plus rare — alors qu’il leur en faut 50 à 60 par an. Comme ils en manquent, ils mangent un poisson cru toutes les quatre heures. Ils ne cuisent pas le poisson, ils le réchauffent « du dedans » ! "

La suite de cet entretien impressionnant de Jean Malaurie, géomorphologue "animiste" amoureux du Grand Nord, est accessible sur l'indispensable Ballast


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