Mais tandis que se dévoyaient ces foules soumises aux normes d'une éthique barbare, ici, à Dofa, la pauvreté du pays avait laissé la vie s'écouler paresseusement et le peuple se consacrer sans efforts dégradants à des occupations bénéfiques, telles la pêche, les cultures maraîchères, un artisanat façonné dans l'indolence et la dignité ; il avait surtout marqué sa résistance aux modes décadentes, en continuant à s'exprimer dans un langage humain. C'était ce langage humain qui enchantait Samantar ; ce langage auquel s'était substitué partout dans le monde un idiome bâtard - ramassé dans les poubelles du commerce et de la publicité - qui ne concernait plus l'homme et d'où toute notion d'émotion et de sentiment était exclue.
Albert Cossery, Une ambition dans le désert
Afin de prolonger les salutaires effets de ces considérations ou, plus simplement, de découvrir l'oeuvre dont elles sont issues, on lira Le désert des ambitions avec Albert Cossery de Rodolphe Christin. Ce petit livre, publié chez L'Echappée, constitue une bonne introduction au génial indolent de la rue de Buci.
1 commentaire:
Magnifique ! Cossery, tout un programme déjà.
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