Dans son beau recueil de texte intitulé
Le studio de l'inutilité, Simon Leys, qui est aussi l'auteur
d'un des plus beaux textes sur George Orwell que je connaisse –
Orwell ou l'horreur de la politique – parle ainsi d'Henri
Michaux :
Les artistes qui se contentent de
développer leurs dons n'arrivent finalement pas à grand-chose. Ceux
qui laissent vraiment une trace sont ceux qui ont la force et le
courage d'explorer et d'exploiter leurs carences. Dès le début,
Michaux en eut l'intuition : "Je suis né troué", et il
sut en tirer parti avec génie. "J'ai sept ou huit sens. Un
d'eux : celui du manque (...) Il y a de ces maladies, si on les
guérit, à l'homme, il ne reste rien". Aussi faut-il bien
prendre ses précautions : "Toujours garder en réserve de
l'inadaptation." Mais sur ce chapitre, de naissance, il était
bien équipé.
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