mercredi 17 février 2016

Simon Leys




Dans son beau recueil de texte intitulé Le studio de l'inutilité, Simon Leys, qui est aussi l'auteur d'un des plus beaux textes sur George Orwell que je connaisse – Orwell ou l'horreur de la politique – parle ainsi d'Henri Michaux :

Les artistes qui se contentent de développer leurs dons n'arrivent finalement pas à grand-chose. Ceux qui laissent vraiment une trace sont ceux qui ont la force et le courage d'explorer et d'exploiter leurs carences. Dès le début, Michaux en eut l'intuition : "Je suis né troué", et il sut en tirer parti avec génie. "J'ai sept ou huit sens. Un d'eux : celui du manque (...) Il y a de ces maladies, si on les guérit, à l'homme, il ne reste rien". Aussi faut-il bien prendre ses précautions : "Toujours garder en réserve de l'inadaptation." Mais sur ce chapitre, de naissance, il était bien équipé.


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