La colline était couverte de grandes
yeuses crépues, couleur de fer. Elle avait une odeur de terre déjà
sèche. Elle était comme un moyeu avec tous les rayons du soleil
rouant autour d'elle. Le radeau entra dans son ombre. La crue du
fleuve avait rempli tout un vallon. C'était un port dans des
châtaigniers. Les feuillages trempaient dans l'eau. Au fond de
l'anse, trois sapins adolescents luisaient au bord d'un pré. Un
ruisseau silencieux comme de l'huile coulait dans de la mousse noire.
Sur ce rivage, l'eau du fleuve dormait. Elle clapotait doucement dans
les branches des arbres. L'air paisible était tout criant du
grésillement des courtilières, des grillons et des sauterelles.
Jean Giono, Le chant du monde.
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