mercredi 17 février 2016

Le chant du monde


La colline était couverte de grandes yeuses crépues, couleur de fer. Elle avait une odeur de terre déjà sèche. Elle était comme un moyeu avec tous les rayons du soleil rouant autour d'elle. Le radeau entra dans son ombre. La crue du fleuve avait rempli tout un vallon. C'était un port dans des châtaigniers. Les feuillages trempaient dans l'eau. Au fond de l'anse, trois sapins adolescents luisaient au bord d'un pré. Un ruisseau silencieux comme de l'huile coulait dans de la mousse noire. Sur ce rivage, l'eau du fleuve dormait. Elle clapotait doucement dans les branches des arbres. L'air paisible était tout criant du grésillement des courtilières, des grillons et des sauterelles.

Jean Giono, Le chant du monde.

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