C'est assez dire que je ne me sens en
rien concerné par le sempiternel débat sur la fonction de la
critique. Si l'on tient absolument à m'extorquer un avis sur ce
point, je répondrai qu'il est oiseux d'opérer des ségrégations
entre les divers secteurs de l'activité littéraire. De mon humble
point de vue, éditeurs, auteurs – moi compris, si du moins l'on
m'autorise à revendiquer cette autre supercherie – critiques et
lecteurs, bref tout l'appareil à produire, vendre et consommer des
livres est à fourrer sans appel dans le même sac, puis à bastonner
indistinctement, copieusement et sans relâche. On voit donc, et l'on
s'en apercevra encore dans l'avenir, que je suis loin d'être raciste
à cet égard.
Si j'ai arbitrairement commencé par
les critiques, c'est d'une part qu'il faut un début à tout, d'autre
part par goût des lieux communs et large propension à enfoncer les
portes ouvertes. En tout cas, voilà un domaine où je n'éprouve
aucun scrupule à tomber à bras raccourci sur les infirmes, dès
lors que je les sens à ma main. J'exprimerai toutefois un regret :
celui de n'avoir pas frappé certains de ces hémiplégiques
au-dessous de la ceinture, comme c'eût été mon droit, et
probablement mon devoir. Un reste d'éducation, je suppose. Mais ce
n'est que partie remise.
Raymond Cousse, A bas la critique !
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