mardi 3 novembre 2015

Divertissement royal



Elle ne m'honora ni d'un regard ni d'une parole ; elle fit, sans fioriture, ce qu'elle était venu faire : me donner le sentiment de mon incompétence, de ma pauvreté, de ma vanité, et enfin de ma solitude, car, après la démonstration muette d'une élégance et d'une maîtrise de soi à arracher des « hourras ! », elle s'échappa, d'un glissement qui n'avait plus ni bruit ni forme, gagna la lisière d'yeuses et disparut.
Ce bal eut vraiment le chic de me laisser devant le vide parfait.

Jean Giono, Les récits de la demi-brigade.


 

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