Les temps que nous vivons, je ne crains pas de le dire, trop chargés des tensions et des angoisses qui pèsent sur l'homme parfaitement éveillé et lucide, exagérément sensible au tragique d'un monde social lancé comme une locomotive folle dans cette "bataille d'hommes" que dénonçait Rimbaud, nous donnent plus d'une fois la nostalgie de cet âge d'or, par exemple, qu'a été le romantisme allemand, monde de Novalis ou de Nerval, non point, certes, coupé du tragique, mais où du moins l'homme était constamment replongé dans ses eaux profondes, réaccordé magiquement aux forces de la terre, irrigué de tous les courants nourriciers dont il a besoin comme de pain. Il est temps de repenser à ces noces rompues.
Julien Gracq, Pourquoi la littérature respire mal.
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