lundi 21 octobre 2019

L'hôtel de la plage



Alors que nous voilà sur le point de disparaître, sacrifiant la Nature et ce qui fait société sur l’autel du retour sur investissement, des philosophes, ou se proclamant tels, brodent de livres en blogs sur leur désengagement. On les voit ainsi hausser le sourcil face au militant, ce factotum des Grands soirs, ce piéton parfois lourdingue des horizons programmés, ce sans grade sacrifiant le plus précieux de lui même pour des causes qui, parfois, valaient la peine. 
 
L’exercice date des Trente glorieuses. La figure honnie du militant est née chez les Situs. D’abord utile à dénoncer l’abrutissement stalinien et ses rhizomes, elle fut vite récupérée par le système comme un instrument utile de démobilisation. De savoir penser par soi-même, hors de la ligne d’un parti, jusqu’à l’excellente raison de ne plus faire grand-chose... le chemin fut vite accompli. Et certains, à la façon d’un Oscar Wilde, auraient pu reprendre à leur compte cette célèbre antienne : « Je suis pour le socialisme, ce qui m’ennuie c’est les réunions le soir ». 
 
Quant à nos philosophes désengagés (Comte-Sponville, Schiffter, Ferry, Glucksmann, Rosset, Enthoven et alii), et visiblement accros à l’après-shampoing, nous viennent ces paroles de Diogène : « A quoi peut bien nous servir un homme qui a déjà mis tout son temps à philosopher sans jamais inquiéter personne ? ».


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