mercredi 13 décembre 2017

L'effort pour rendre l'autre bête


En janvier 2015, dans le revue du MAUSS, Marilia Amorim, professeur à Paris VIII, publiait L'effort pour rendre l'autre bête. Elle y elle faisait l’hypothèse que certaines formes d’intelligence actuelles, très répandues, sont analysables comme des efforts, souvent couronnés de succès, pour rendre l’autre bête.
 
Elle mettait ainsi en rapport les formes de savoirs et de discours bien connues telles que Logos (l’intelligence démonstrative), Mythos (l’intelligence narrative) et Mètis (l’intelligence rusée) et la façon dont elles jouent sur l’appareil formel de l’énonciation, la structure ternaire « je, tu et il », au cœur des processus de subjectivation et de socialisation. 
 
Son propos l'amenait à montrer qu’une certaine forme actuelle de Mètis (souvent mise en œuvre dans les industries culturelles actuelles) permet non pas de donner la parole à un interlocuteur (comme tout bon espace démocratique est supposé le permettre), mais littéralement de la lui prendre et de parler ainsi à sa place.

On trouvera l'intégralité de son intervention .

Marilia Amorim est aussi l'auteur de :

. Raconter, démontrer, …survivre. Formes de savoir et de discours dans la culture contemporaine ;
. Petit traité de la bêtise contemporaine, qui traite de la bêtise non pas individuelle, mais induite socialement.

Le tout est publié chez Erès.

4 commentaires:

steka a dit…

Personne ne niera le terrible poids de la bêtise en notre époque; bêtise qui est largement fabriquée et entretenue en effet.Et ce n'est certainement pas le système "éducatif" présent qui va y remédier. Je me demande même si la bêtise n'est pas devenue le principal trait culturel de nos contrées dites civilisées.

Le Promeneur a dit…


Hélas, cher Steka, même si, à relire les anciens, la bêtise a toujours plus ou moins accompagné le développement de notre espèce, celle-ci a pris, en notre époque, des proportions industrielles - ce dernier qualificatif étant à entendre au sens propre.

Et peut-être ne sommes-nous plus très loin de cette dystopie hollywoodienne, intitulée Idiocraty, dans laquelle la planète se retrouve peuplée de crétins dont les pratiques, après tout, se distinguent de moins en moins des nôtres.

Ceci étant dit, gardons-nous de notre propre bêtise, bestiole sommeillant en nous et très prompte à se réveiller... Le travil de toute une vie.

steka a dit…

En effet, il semblerait que la bêtise sommeille en nous et soit toujours prête à se réveiller à la première inattention. Il faut donc croire que c'est cette inattention particulière qui est soigneusement entretenue en l'époque présente. Bonne journée Promeneur.

Robert Spire a dit…

Merci pour ce texte. Le bazar médiatique aprés les deux récents décès (Johnny et J'endors mes sons) m'a fait penser à ce film "Idiocraty"...