lundi 21 décembre 2015

Sauter à l'élastique


Je la regarde quitter le jardin. C’est une journée aux teintes délicates. Au sud, dans le ciel, quelque chose de pâle incite à la méditation. « Finalement, me dis-je avec la sensation que le désespoir est en train de me ravager méthodiquement, je la comprends. Qu’aurait-elle fait de nous ? Mes élans l’auraient encombré jusqu’à l’indigestion. Qu’aurais-je fait d’une femme comblée jusqu’à la nausée, une femme à qui j’ai donné suffisamment de trouble pour vingt ans de conjugalité supplémentaire ? Rien, j’aurais tourné coq de sous-préfecture, sauteur à l’élastique, poète municipal. L’horreur. »
Rue Lacepède, alors qu’un chien au regard rieur se soulage contre le mur d’une épicerie, je me force à penser à elle comme à une étrangère. « - Elle est de celles qui n’ont besoin que d’une seule perle pour regarder le néant. C’est bien. Moi, j’en suis incapable. »

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