mercredi 28 février 2018

Pour un amateurisme panique (Une partie de campagne)





" L'ingénuité est absolument nécessaire à la création. Les gens qui font l'amour en disant : "Nous allons faire un enfants magnifique", eh bien ! ils ne feront pas d'enfants magnifique, ils ne feront peut-être pas d'enfant du tout ce soir-là... L'enfant magnifique vient par hasard, un jour où l'on a bien rigolé : il y a eu un pique-nique, on s'est amusé dans les bois, on a roulé sur l'herbe, il y aura un enfant magnifique..."

Jean Renoir 


mardi 27 février 2018

Here we are



« N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et approchez-vous en par bonds en avant qualitatifs afin que les intérêts catégoriels n’aient pas le temps de se mobiliser et de vous embourber. La vitesse est essentielle, vous n’irez jamais trop vite. Une fois que l’application du programme de réformes commence, ne vous arrêtez plus avant qu’il soit terminé : le feu de vos adversaires perd en précision quand il doit viser une cible qui bouge sans arrêt. » 


Roger Douglas, ministre des finances travailliste de Nouvelle Zélande de 1984 à 1987. Responsable de la politique ultra-libérale de privatisation des biens publics et de suppression de subventions qui eut lieu à cette époque et fut reprise par les gouvernements suivants.


 

dimanche 25 février 2018

Les années PKK


 

On trouvera sur le site En attendant Nadeau, cette recension de Boris James sur deux livres et deux films consacrés au PKK et à son histoire.

 

Il passe ainsi au crible de sa lecture : La commune du Rojava L’alternative kurde à l’État-nation de Stephen Bouquin, Mireille Court et Chris Den Hond (dir.) parut chez Syllepse ; La révolution kurde Le PKK et la fabrique d’une utopie d’Olivier Grojean parut à La Découverte ; La guerre des filles de Mylène Sauloy, Arte, 2017 ; Les amazones de Raqqa de Daphné Roulier, Canal +, 2017 . 

 

Dans son exergue, Boris James, fin connaisseur du Moyen-Orient, se demande pourquoi la lutte du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) fascine-t-elle autant les médias occidentaux et une partie de la gauche européenne ? Depuis la fin des années 1990, poursuit-il, on voit de temps en temps à la télévision des colonnes de combattantes traverser un décor montagneux, parfois danser et chanter à la lueur d’un feu de camp. Et depuis 2014, le nombre des productions audiovisuelles, journalistiques et littéraires traitant de l’organisation et surtout du rôle de ses militant.es sur les théâtres irakien et syrien a explosé. Le PKK est plus que jamais présent dans nos yeux et nos esprits. Et pourtant que sait-on de lui et de son histoire ? Comment percevoir le PKK au-delà de ce qu’il donne à voir ? »

 

Son article, que l’on pourra lire ici est, comme il le dit d’un des ouvrages qu’il recense, « une invitation à rester attentif au phénomène PKK dans toutes ses déclinaisons, en se gardant de le réduire à une organisation purement militaire dénuée de dynamique idéologique comme à une commune idyllique où tous les possibles de l’émancipation seraient à l’œuvre ». 

 


 

lundi 19 février 2018

Tout le monde déteste le travail


L’excellent site Lundi matin a publié les comptes-rendus et vidéos de la journée « Tout le monde déteste le travail » qui avait lieu, le 27 janvier dernier, à la Bourse du travail de Paris et au Clos Sauvage d’Aubervilliers. 

Là, plus d’un millier de personnes s’est retrouvé autour de conférences, de débats et de rencontres où se sont croisés syndicalistes et philosophes, ouvriers et historiens, sociologues du travail et metteurs en scène, écrivains et ZADistes. 

Parmi les différentes vidéos, nous avons particulièrement apprécié celle intitulée « Ressource humaine toi-même ! » avec, notamment, les interventions de Danièle Linhart, sociologue de l’évolution du travail.

dimanche 18 février 2018

Ce que l'amour se plait à réaliser


Pausanias : En effet, ceux qui détiennent le pouvoir ne tirent aucun avantage, j’imagine, du fait que naissent chez leurs sujets de hautes pensées, ou même de solides amitiés et de fortes solidarités, ce que justement l’amour, plus que toute autre chose, se plaît à réaliser.

Platon, Le Banquet.


mercredi 14 février 2018

Atget & Bodinat




C’est le récit d’une discrète obstination que décrit Baudoin de Bodinat dans son Eugène Atget, poète matérialiste, la description d’un charbon luisant ramassé dans l’arrière cour pavée d’un quartier qui n’existe plus, le travail d’un homme qui a patiemment photographié un Paris en train de disparaître : celui d’avant l’électrification et le train. En lisant ce petit livre, illustré de quelques émouvantes photographies, on en apprendra un peu plus sur cet homme et sur son travail si radicalement délivré « du mensonge d’être vrai ». 



"La dictature du retour d’investissement ne tolère rien du passé encore vivant, des manières anciennes d’exister ici-bas.  Elle aime les ruines antiques rejointoyées et payantes, non pas habitées avec du linge qui sèche.  Elle veut un passé décrassé de la suie tenace ses siècles, électrifié, culturel ; qui ne la contredise pas."

 

dimanche 11 février 2018

Victoire à l'Holliday Inn

 
Dans un communiqué, la CNT-SO annonce la fin de la grève des salariés sous-traités d'HEMERA contre la direction de l’hôtel Holiday Inn de la Porte de Clichy. La signature de l'accord, le 8 février dernier comprend  : le respect des accords acquis sur ce site ; le paiement des heures travaillées et le respect des contrats de travail ; deux jours consécutifs de repos hebdomadaire ; la disparition des contrats de moins de 130h mensuelles ; l’augmentation des qualifications, la suppression de la clause de mobilité ; le versement d’une prime de panier de 7,14EUR par jour travaillé ; l’intégration du temps d’habillage-déshabillage comme temps de travail.

Selon la CNT-SO, cette victoire a été rendue possible "d’abord par la détermination des grévistes qui jusqu’au bout sont restés unis y compris en refusant une internalisation partielle. Ensuite par les formes innovantes prises par la lutte : occupations d’autres hôtels du groupe Intercontinental ou d’hôtels sur lesquels intervient HEMERA à la fois à Paris et en Province et par des actions au niveau international (Barcelone, Londres, Bruxelles). Enfin par le large soutien militant et financier. Les syndicats ont ainsi pu, chaque mois, verser 1000 euros à chacune et chacun des     grévistes !".

Vous pouvez toujours participer à la caisse de grève, pour couvrir les pertes de salaires du dernier mois : https://www.lepotcommun.fr/pot/0snu1eea Ou directement à l’ordre de : CNT-SO du Nettoyage, mention soutien grévistes HEMERA. 4 rue de la Martinique 75018 PARIS


jeudi 8 février 2018

Nivellement




Cela signifie la victoire sur l’ensemble de la planète d’un Occident toujours plus systématiquement urbanisé, toujours plus systématiquement technologique – nivellement complet et uniformité sans se soucier de savoir si cette victoire est apportée par le fer ou par la publicité sur les objets produits en masse. 

Cela signifie l’unité de la race humaine au plus bas niveau, la complète vacuité de la vie, une doctrine s’auto-perpétuant sans rime ni raison ; aucun loisir, aucune concentration, aucune élévation, aucune retraite ; rien que le travail et les distractions ; ni individu ni peuple mais plutôt des « foules solitaires. 
 
Léo Strauss, La renaissance du rationalisme politique classique



Casto & la praxis




Nous appelons praxis ce faire dans lequel l’autre ou les autres sont visés comme êtres autonomes et considérés comme l’agent essentiel du développement de leur propre autonomie. 

[…] On pourrait dire que pour la praxis l’autonomie de l’autre ou des autres est à la fois la fin et le moyen ; la praxis est ce qui vise le développement de l’autonomie comme fin et utilise à cette fin l’autonomie comme moyen. Elle s’appuie sur un savoir, mais celui-ci est toujours fragmentaire et provisoire. Il est fragmentaire, car il ne peut y avoir de théorie exhaustive de l’homme et de l’histoire ; il est provisoire, car la praxis elle-même fait surgir constamment un nouveau savoir, car elle fait parler le monde dans un langage à la fois singulier et universel. La théorie ne pourrait être donnée préalablement, puisqu’elle émerge constamment de l’activité elle-même. Élucidation et transformation du réel progressent, dans la praxis, dans un conditionnement réciproque. Et c’est cette double justification qui est la justification de la praxis. Mais, dans la structure logique de l’ensemble qu’elles forment, l’activité précède l’élucidation ; car pour la praxis l’instance ultime n’est pas l’élucidation mais la transformation du donné. 

[Le] sujet lui-même est constamment transformé à partir de cette expérience où il est engagé et qu’il fait mais qui le fait aussi. « Le poème fait son poète ».


Cornelius Castoriadis, L'institution imaginaire de la société


lundi 5 février 2018

Police politique, rectorat et endoctrinement zadiste




Sur le site Lundi matin, on lit que le 28 novembre 2017, deux enseignantes du lycée Jean-Macé de Rennes, ainsi que deux accompagnateurs, emmènent une soixantaine d’élèves déjeuner à la cantine de la Maison de la Grève, dans le cadre d’une semaine de sensibilisation sur question de l’économie sociale et solidaire. Ce qu’ils ignoraient certainement, c’est que le lieu fait l’objet d’une surveillance constante des services de renseignement. 

En effet, les différentes tendances de la contestation rennaise s’y rencontrent régulièrement, et le lieu serait même en lien avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Evidemment, la visite de cette soixantaine d’adolescents n’échappe pas aux fins limiers du renseignement territorial qui rédigent immédiatement un rapport sur cette sortie scolaire subversive qu’ils font remonter à la préfecture et au rectorat. Dans leur rapport les agents précisent que les enseignantes sont « inconnues des services de police », mais alertent sur le possible « endoctrinement » auquel pourrait aboutir une telle sortie. A leurs yeux, il pourrait s’agir de « former des bataillons de zadistes ».

La suite de cette histoire, fort révélatrice, du temps présent et de la mentalité de ses valets comme de leurs maitres pourra se lire

jeudi 1 février 2018

Le flair des catastrophes (présentes)

 
Selon des études d’opinion spécialisées dans la « joie de vivre », les Français seraient le peuple le plus déprimé de la Terre. Ce vieux peuple qui a tout connu, tout vécu, épuisé par toutes les guerres perdues, sait ce que c’est la tragédie de l’histoire. Il a du flair pour renifler les catastrophes à venir. Il les voit venir de loin, bien avant les autres et les Français, conscients de ce qui arrive, ne sont pas loin de penser que l’expérience humaine, sous la pression du nombre, est en train d’échouer. Alors, ils font un peu la gueule, c’est compréhensible. Ils n’ont pas envie d’aller vivre dans l’espace ni au fond des océans, ils n’ont pas envie de se nourrir d’insectes, ils ne souhaitent pas échanger leurs vieux organes fatigués contre des prothèses, ils ne veulent pas non plus stocker leurs gamètes dans l’azote liquide pour pouvoir un jour féconder une femme qui aura l’âge de leur petite fille, les Français, majoritairement, sont de l’ancien monde...
 
Olivier Bardolle, La vie des hommes