mercredi 26 octobre 2016

La moitié des espèces animales vertébrées a disparu en quarante ans



Les populations de vertébrés ont chuté de 58 % entre 1970 et 2012. Les milieux d’eau douce sont les plus affectés, avec un effondrement de 81 % sur la période, devant les espèces terrestres (− 38 %) et celles marines (− 36 %). Si rien ne change, ces populations pourraient avoir diminué en moyenne des deux tiers (67 %) d’ici à 2020, en l’espace d’un demi-siècle seulement. « Ces chiffres matérialisent la sixième extinction des espèces : une disparition de la vie sur la planète dont nous sommes en partie responsables », dénonce Pascal Canfin, le directeur général du WWF France.

In Le Monde de ce 27 octobre 2016

mercredi 19 octobre 2016

Bruges la morte



Lu dernièrement Bruges-la-morte de Georges Rodenbach (1855-1898) dont les effluves à la fois symbolistes et décadendistes composent un admirable poème dans une Bruges figée par l'obsession d'un homme qui tente d'immobiliser le temps pour retrouver sa morte. Une iconographie, vraisemblablement travaillée à l'époque de sa publication en feuilleton dans le Figaro en février 1892, accompagne ce récit de troublante façon. 



" Dans l'atmosphère muette des eaux et des rues inanimées, Hugues avait moins senti la souffrance de son cœur, il avait pensé plus doucement à la morte. Il l’avait mieux revue, mieux entendue, retrouvant au fil des canaux son visage d’Ophélie en allée, écoutant sa voix dans la chanson grêle et lointaine des carillons.

Dans cette solitude du soir et de l’automne, où le vent balayait les dernières feuilles, il éprouva plus que jamais le désir d’avoir fini sa vie et l’impatience du tombeau. Il semblait qu’une ombre s'allongeât des tours sur son âme ; qu’un conseil vînt des vieux murs jusqu'à loin ; qu'une voix chuchotante montât de l'eau s’en venant au devant de lui, comme elle vint au devant d'Ophélie."


mardi 11 octobre 2016

Paul Valéry (1871-1945)


Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce que l'on trouve.

Paul Valéry, La soirée avec Monsieur Teste 

mercredi 5 octobre 2016

La goutte et la pierre


L'encre serait-elle l'étendard de l'impuissance ? Un chiffon brandi a défaut du poing ? Écrire, est-ce ne pas agir ? Est-ce entasser un mur de ballots autour du camp et, ainsi retranché, lancer dans le brouhaha du monde des flèches sans pointe ni empennage ? 

Je ne crois pas à ces sirènes du découragement, à cet idéalisme continuellement rossé sur la place publique pour que personne ne s'en approche ou n'ait même l'idée de le faire. De tout temps, une goutte a pu briser la pierre. Un mot peut briser le sortilège pour parvenir à ceux qui n'attendaient que lui pour donner un nom de fleur à leur révolte.


dimanche 2 octobre 2016

Dark passage








Rien de pire que le cortège des angoisses et de la mélancolie car qui charrie ce gouffre en lui inspire la peur à qui se porte bien. Pestiféré invisible, il suscite la fuite. Vieux réflexe animal : qui ne recule quand un fossé se révèle ? Rien de moins séduisant, de moins agréable que cet être là. Donne-t-il le change, masqué d'enthousiasme, que ses ondes voraces figent celui qui veut vivre. Pourquoi blâmer le vivant qui s'enfuit ? Seuls les chamanes et les sorciers sont immunisés contre une bile de ce tonneau là. Grand infréquentable, le mélancolique inquiète, en miroir fou de la lucidité. Poids mort, c'est le morne répétiteur de vérités qu'il faut oublier. C'est l'âme noire, la flammèche de notre fragilité, l'incarnation de ce que nous voulons oublier de notre destin. C'est le corps gris de notre impuissance, le réflexe panique de qui cogne le noyé. C'est l'habitant du lac mort, des rochers que nulle gravure n'entame sur cette grève à la marée pétrifiée. Rien de moins attirant que cette impuissance là, cet effarement indigne, ce pelotonnement tremblotant autour de l'étincelle d'espoir. Vortex grisâtre, vampire passif, étoile morte, il a beau lutter pour épargner ses victimes, sa présence est un poids de panique autour de la nuque d'autrui. Ultime locataire de la solitude, il est l'orphelin de l'élan.