mardi 31 mai 2016

Han



L'imprégnation répétée et massive, par le capitalisme, de l'ensemble des sphères de notre existence - politique, économique, écologique, morale, subjective, esthétique, intellectuelle... - mène à ce que Dany-Robert Dufour n'hésite pas à qualifier de véritable mutation anthropologique : la disparition de l'individu critique et névrosé, tel que nous le connaissons depuis le XIXe siècle, et l'apparition d'un être acritique subissant, en son for intérieur, de fortes poussées psychotiques. Bref, un nouveau sujet, flexible, qui s'accorde bien mieux que l'ancien sujet critique aux flux toujours mouvants de la circulation de la marchandise.

D.R. Dufour en a causé brillamment dans quelques-uns de ses ouvrages :
  • L'Art de réduire les têtes : sur la nouvelle servitude de l'homme libéré à l'ère du capitalisme total, Denoël, 2003 ;
  • On achève bien les hommes : de quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu, Denoël, 2005 ;
  • Le Divin marché, Denoël, 2007, Folio, 2012 ;
  • La Cité perverse, Denoël, 2009, Folio, 2012.

Dans son livre La Société de la fatigue, parût en 2014 chez Circé, le philosophe Byung-Chul Han arrive à un constat qui n'est pas très éloigné de celui de D.R. Dufour. 

Voici ce que dit la quatrième de couverture de l'ouvrage :

Nous assistons aujourd'hui, sans nous en rendre compte, à un changement de paradigme. La société de la négativité est en train de céder sa place à une société dominée par une surcharge de positivité. Partant de ce changement, Han décrit le paysage pathologique de notre société actuelle dominée par des affections neuronales comme la dépression, le syndrome de déficit d'attention, le trouble de la personnalité borderline ou le burn-out. Ce ne sont pas des infections, ce sont des infarctus, non pas conditionnés par la négativité d'un autre immunologique mais par une surcharge en positivité. Ils se dérobent donc à toutes les techniques immunologiques de prophylaxie et de défense immunitaire. L'analyse de Han aboutit finalement à la vision d'une société qu'il appelle, dans une ambivalence intentionnelle, une « société de la fatigue ».


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