C'est
un champ qui ne demande qu'à être traversé. On peut même s'y
arrêter et poser ses fesses sur une herbe que ponctuent ça et là
quelques bouses de vaches. Il n'est pas en pente, ni particulièrement
plat. Il s'est fait sans façon avec l'orchestre du vent. C'est un
champ qui mène à un autre champ un peu plus petit où l'on croise
parfois des lièvres. J'y ai suivi un chevreuil quelques minutes
avant qu'il ne s'enfonce dans la nuit. C'est un champ qui, les jours
de beaux temps, vous offre un ciel de derrière les fagots. Je ne
sais pas à qui il appartient. J'y ai vu paître des brebis et
parfois des vaches. Depuis son centre, on peut y voir une Auvergne
crénelée de volcans. La barrière qui l'entoure a été plantée il
y a longtemps. Parfois, il m'arrive de passer mes mains sur ses
poteaux en me demandant quel âge j'avais quand il ont été plantés.
J'examine, palpe et renifle ces bouts de bois torréfiés par le
soleil et j'opte souvent pour l'année de mes dix ans. A la fin de
l'été, les vents tièdes font bruisser les hêtres et les
châtaigniers qui l'entourent comme des dizaine de colliers de perles
que l'on agiterait doucement. C'est le chant du champ, sa mélopée
de bienvenue et d'adieu qui me permet de le quitter avec la certitude
de le retrouver.
lundi 30 janvier 2017
jeudi 26 janvier 2017
mardi 24 janvier 2017
Selon sa propre constitution
Ce n’est pas de transpirer comme les plantes qui est chose estimable, ni de souffler comme les troupeaux et les animaux sauvages, ni d’être impressionné par l’imagination, ni d’être mû comme une marionnette par ses impulsions, ni de s’attrouper, ni de se nourrir, car tout cela est du même ordre que l’excrétion des résidus de la nourriture. Qu’y a-t-il de digne d’estime ? Etre applaudi par des battements de mains ? Non. Ce n’est donc pas non plus le fait d’être applaudi par des battements de langues, car les félicitations de la foule ne sont que des battements de langues. Tu dois aussi répudier la gloriole. Que reste-il alors de digne d’estime ? Il me semble que c’est régler son activité et son repos selon sa propre constitution.
Marc-Aurèle
lundi 23 janvier 2017
L'univers, son revenu et le minimum
Comme l'écrit fort justement Mona
Cholet dans son article du Monde Diplomattique : « Du
Forum économique de Davos à la Silicon Valley en passant par les
assemblées du mouvement Nuit debout en France, le revenu de base est
sur toutes les lèvres depuis quelques mois. La Finlande affirme
vouloir l’instaurer ; les Suisses ont voté sur le sujet en
juin. Mais, entre l’utopie émancipatrice que portent certains et
la réforme limitée que veulent les autres, il y a un monde… ».
vendredi 20 janvier 2017
mercredi 11 janvier 2017
Une image fugitive de plus
On a peine à croire à quel point est
insignifiante et vide, aux yeux du spectateur étranger, à quel
point stupide et irréfléchie, chez l'acteur lui-même, l'existence
que coulent la plupart des hommes : une agitation qui se traîne
et se tourmente, une marche titubante et endormie, à travers les
quatre âges de la vie, jusqu'à la mort, avec un cortège de pensées
triviales. Ce sont des horloges qui, une fois montées, marchent sans
savoir pourquoi. Chaque fois qu'un homme est conçu, l'horloge de la
vie se remonte, et elle reprend sa petite ritournelle qu'elle a déjà
jouée tant de fois, mesure par mesure, avec des variations
insignifiantes. Chaque individu, chaque visage humain, chaque vie
humaine, n'est qu'un rêve sans durée de l'esprit infini qui anime
la nature, du vouloir vivre indestructible ; c'est une image
fugitive de plus, qu'il esquisse en se jouant sur sa toile immense,
l'espace et le temps, une image qu'il laisse subsister un instant, et
qu'il efface aussitôt, pour faire place à d'autres.
Arthur Schopenhauer,
Le monde comme volonté et comme représentation
jeudi 5 janvier 2017
mercredi 4 janvier 2017
John Berger (1926-2017)
Romancier sensible, critique d’art marxiste rendu célèbre dans
les années soixante-dix par son essai Voir le voir, John Berger fut aussi le scénariste du cinéaste Alain Tanner.
Comme l'écrit Mona Chollet, John Berger ne
sépara jamais la peinture et l’écriture de l’engagement politique. Il y
vit des moyens de résistance très concrets.
" La plupart des mots, aujourd’hui, sont salis par l’usage mensonger qu’en font les médias, les politiciens. Pas par les gens, je crois : c’est le pouvoir qui salit les mots. Les gens, de plus en plus, en réaction, disent “merde”. Et dans ce contexte, “merde”, c’est un mot très propre. "
" La plupart des mots, aujourd’hui, sont salis par l’usage mensonger qu’en font les médias, les politiciens. Pas par les gens, je crois : c’est le pouvoir qui salit les mots. Les gens, de plus en plus, en réaction, disent “merde”. Et dans ce contexte, “merde”, c’est un mot très propre. "
Inscription à :
Articles (Atom)