mardi 19 mars 2019

Se souvenir de Murray Bookchin (1921-2006)



Le fait capital, c'est que l'homme est en train de défaire l'oeuvre de l'évolution du vivant. En créant de vastes agglomérations de ciment, de métal et de verre, en dévastant ou en minant les écosystèmes complexes et subtils qui constituent toute la diversité locale du monde naturel, bref en remplaçant un environnement organique et complexe par un environnement inorganique et simplifié, l'homme est en train de démonter la pyramide biotique qui l'a porté durant d'innombrables millénaires. Lorsqu'il remplace les liaisons écologiques complexes dont dépendent tous les êtres vivants supérieurs par des liaisons plus élémentaires, l'homme ramène peu à peu la biosphère à un stade qui ne permettra plus que la survie d'êtres vivants beaucoup plus simples. Si ce grand renversement du processus évolutif devait se poursuivre, il n'est nullement fantaisiste de penser que les conditions qui permettent les formes supérieures de vie seront détruites à jamais et que la terre ne sera plus en mesure d'assurer la survie de l'espèce humaine. 

Ecologie et pensée révolutionnaire, 1964. 

1 commentaire:

kwarkito a dit…

Cet homme que je ne connaissais pas semble, malheureusement en pure perte pour le reste de ses contemporains, avoir parfaitement compris la logique du monde dans lequel il vivait, et où, hélas nous ne survivrons pas