dimanche 27 septembre 2015

Se souvenir de Jacques Poulain (1946 - 1992)




Ce qui nous attire dans une femme ce n'est pas d'abord sa beauté – mais qu'elle soit plus proche que nous de la beauté.

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Je la voulais libre, active, consciente, exigeante.
C'est-à-dire propre à tout ruiner comme à tout construire.

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Peut-être que dans l'étreinte, cette femme n'aime rien d'autre qu'être une femme, n'importe laquelle, sans prénom, sans nom et sans histoire.

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Il nous arrive d'envier la beauté première de la femme, comme il nous arrive d'envier les franchises du nuage.

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Orgasme : juste avant de s'illuminer, la femme se résume entre ses yeux.

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Une méditation sur l'amour est toujours une méditation sur la solitude.
Je comparerais cela à une promenade sur la grève, qui nous fait attentifs autant au ciel, qu'à la mer.

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Mon visage dans le parloir de ses mains.

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Ne jamais s'abandonner à la passion.
Lui résister, la quereller.
Éclairer ses ombres.
La faire grandir, murir.
La contraindre à accoucher de son noyau.


Jacques Poulain, Volontiers je la décrirais

La vie innommable



Il faut donc continuer. Et tout accepter, car l'organisation du mensonge est cohérente dans ses offres et dans ses demandes : accepter de se détruire soi-même dans sa vie mensongère et compenser ce renoncement au moyen de leurres marchands ; se dépouiller de sa liberté au travail et choisir « librement » entre deux marchandises identiques ; oublier sa propre authenticité et acheter l'authenticité d'un bibelot ancien ; renoncer à la vie et acheter « une voiture à vivre ».
 
Michel Bounan, La Vie innommable.