Contrairement
à l'opinion avancée, le courage du désespoir fait peu d'adeptes.
Une poignée d'hommes solitaires, jusqu'en 1942, tenta d'engager de
près le combat. Le merveilleux est que cette cohorte disparate
composées d'enfants trop choyés et mal aguerris, d'individualistes
à tous crins, d'ouvriers par tradition soulevés, de croyants
généreux, de garçons ayant l'exil du sol natal en horreur, de
paysans au patriotisme fort obscur, d'imaginatifs instables,
d'aventuriers précoces voisinant avec les vieux chevaux de retour de
la Légion étrangère, les leurrés de la guerre d'Espagne ; ce
conglomérat fut sur le point de devenir entre les mains d'hommes
intelligents et clairvoyants un extraordinaire verger comme la France
n'en avait connu que quatre ou cinq fois au cours de son existence.
Mais...
Notes sur le maquis, 1944