Le 17 octobre dernier, l'agence régionale de santé (ARS), par l'intermédiaire de son antenne du Centre-Val de Loire, signifiait aux cliniques de la Borde et de la Chesnaie le non-renouvellement de leur autorisation d’activité de psychiatrie.
Rappelons que ces deux cliniques furent le fer de lance de la psychiatrie institutionnelle. Celle-ci, pour aller vite, considère que l’institution psychiatrique n’est pas un simple lieu de soins et d’enfermement mais est intégré au
traitement pour devenir un lieu de vie structuré pour« soigner » les patients. Un lieu où tout
est bon pour responsabiliser ces derniers, en leur faisant prendre une
part active à la vie de l’établissement.
Dans son habituel technolecte managérial, l'ARS révèle sa conception du soin psychiatrique en affirmant qu'elle "ne remet pas en cause la qualité de leur travail ni la
richesse de leur approche, mais traduit un constat partagé : une grande
part des personnes aujourd’hui accueillies dans ces établissements
relèvent davantage d’un accompagnement médico-social que d’une
hospitalisation psychiatrique au sens défini par la réglementation la
plus récente. Leurs besoins portent principalement sur la vie
quotidienne, le soutien à l’autonomie et l’inclusion sociale, plutôt que
sur des soins intensifs à visée thérapeutique hospitalière."
Traduction : une institution qui ne pratique pas suffisamment de contentions et d'injections médicamenteuses n'a plus droit au titre d'établissement psychiatrique.
En 2009 déjà, Jean Oury, qui fut psychiatre ainsi que fondateur et directeur de la clinique de la Borde, parlait sans fard de la destruction de
la psychiatrie par les gestionnaires : "On va supprimer les psychiatres, on va supprimer les infirmiers, on va
supprimer les hôpitaux et tout ira bien. On voit le résultat, c'est une
simplicité naïve, redoutable. (...) Ça y est, ils sont au pouvoir, ils
ont gagné."