vendredi 30 septembre 2016

28 septembre 1966



Comme n'a pas oublié de le rappeler Eric Poindron : 
le 28 septembre 1966 disparaissait André Breton.

"Le mot exil n'a pas grand sens pour moi".

Lettre à Simone Kahn, jeudi 29 juillet 1920

Sentier de traverse


L'enfant demandant à ses parents d'où viennent les bébés vit ici la première occasion d'un « conflit psychique », dans la mesure où des opinions, pour lesquelles il éprouve une préférence de nature pulsionnelle, mais qui ne sont pas « bien » aux yeux des grandes personnes, entrent en opposition avec d'autres, qui sont fondées sur l'autorité des « grandes personnes », mais qui ne leur conviennent pas à eux.

La rumination obsessionnelle et la « scène » hystérique ont donc pour origine non pas une jouissance inégalable ni une expérience sexuelle dégoutante mais une capitulation de la pensée comme « pulsion de recherche indépendante ».

D'après la Psychanalyse négative de Pierre Eyguesier


mardi 20 septembre 2016

Violette


Ce que tu fuyais
Tu ne pouvais le perdre que dans les bras du hasard
Qui rend si flottantes les fins d'après-midi de Paris
             autour des femmes aux yeux de cristal fou
Livrées au grand désir anonyme
Auquel fait merveilleusement uniquement
Silencieusement écho
Pour nous le nom que ton père t'a donné et ravi

André Breton, Violette Nozières, 1933.

vendredi 16 septembre 2016

Médiocratie


Pour une fois que Telerama ne déçoit pas, cela vaut la peine d'être signalé. Ainsi, cet entretien avec le philosophe québécois Alain Deneault sur son concept de médiocratie qu'il désigne comme " un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu'il s'agit d'incarner".

Une norme, selon Deneault, qui vient : " d'abord de la division et de l'industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l'a décrit dès 1849. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l'a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu'à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée. Aux yeux d'un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d'un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l'objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d'à peu près tout le monde, à l'exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires."

Pour Deneault, la "gouvernance" constitue " le versant politique de la genèse de la médiocratie. D'apparence inoffensive, le terme de gouvernance a été introduit par Margaret Thatcher et ses collaborateurs dans les années 80. Sous couvert de saine gestion des institutions publiques, il s'agissait d'appliquer à l'Etat les méthodes de gestion des entreprises privées supposées plus efficaces.
La gouvernance, qui depuis a fait florès, est une forme de gestion néolibérale de l'Etat caractérisée par la déréglementation et la privatisation des services publics et l'adaptation des institutions aux besoins des entreprises. De la politique, nous sommes ainsi passés à la gouvernance que l'on tend à confondre avec la démocratie alors qu'elle en est l'opposé.
Dans un régime de gouvernance, l'action politique est réduite à la gestion, à ce que les manuels de management appellent le « problem solving » : la recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat, ce qui exclut toute réflexion de long terme, fondée sur des principes, toute vision politique du monde publiquement débattue. Dans le régime de la gouvernance, nous sommes invités à devenir des petits partenaires obéissants, incarnant à l'identique une vision moyenne du monde, dans une perspective unique, celle du libéralisme."

L'intégralité de cet entretien est ici


mardi 13 septembre 2016

Notre consolation


Comme nous le rappelait notre chère Florence de Noël 69 à Clermont-Ferrand, nous fêtions le 13 septembre l'anniversaire de Jacqueline Bisset. 

mercredi 7 septembre 2016

Menace sociale



Le site du journal Fakir livre quelques lignes de l'interview de l’épidémiologiste Richard Wilkinson, auteur de Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. On pourra retrouver l'intégralité du propos .


R.W. : Vous parlez de convertir des personnes riches. Ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la démocratie. Les Etats-Unis et de nombreux pays développés sont devenus plus égalitaires pendant les années trente seulement parce qu’ils avaient peur du communisme et du syndicalisme. Pendant toute une période ils ont réduit les inégalités. Quand des protestataires ont secoué la voiture d’un dirigeant de la Bank of Scotland, ont cassé sa fenêtre, eh bien, ce jour-là, je crois que ce financier a commencé à s’inquiéter, à se soucier de comment il était vu, jugé. Les riches n’abandonnent leur position que face à une menace sociale. C’est aux gens, pas aux riches, de prendre conscience de ces injustices, et du fait que les oligarques ne méritent pas ces privilèges.

F.R. : Donc, il faut créer une menace sociale pour changer Bernard Arnault ?

R.W. : Notre regard sur les riches doit changer, il faut en finir avec l’admiration, ou la déférence. On devrait les considérer comme des égoïstes, des antisociaux, les mépriser, et qu’ils le sachent. C’était le cas dans la préhistoire. Christopher Boehm, un expert des sociétés de cueillette et de chasse, a rassemblé des données sur deux cents sociétés différentes. La plupart étaient extraordinairement égales, basées sur le partage de la nourriture, l’échange de dons. D’après lui, ils maintenaient l’égalité en ridiculisant ceux qui se voulaient supérieurs, ou ils les exilaient, et dans certains cas, ils étaient même tués. Il montre comment ce qu’il appelle des « stratégies contre les dominants » fonctionnaient.

F.R. : Maintenant, vous voulez le tuer !

R.W. : Dans une certaine mesure, les démocraties modernes sont une « stratégie contre les dominants », mais c’est une contrainte inefficace. Il faut la rendre plus efficace.


mardi 6 septembre 2016

Bosc à la Comédie


Les camarades des Âmes d'Atala ont déniché cet interview de l'écrivain David Bosc à l'occasion de l'estivale Comédie du livre de Montpellier (tout un programme ce titre...). On y retrouve avec plaisir l'auteur de Sang lié, de La claire fontaine et de Mourir et puis sauter sur son cheval.


jeudi 1 septembre 2016

Se souvenir de Jack Kerouac (1922-1969)


Une ville de Californie funèbre hagarde horrible je-ne-peux-pas-continuer-qu'est-ce-que-je-fous-ici mierda. Oh ! Qui a vécu et souffert en Amérique comprend ce que je veux dire. Me comprennent ceux qui ont quitté Cleveland dans des wagons de charbon ou qui ont bayé aux corneilles devant les boîtes aux lettres à Washington ! Ceux qui ont saigné à Seattle, saigné dans le Montana. Ceux qui ont traîné la semelle à Minneapolis. Ceux qui sont morts à Denver. Ou ont pleuré à Chicago ou dit à Newark : "Désolé, je me fais la malle." Ceux qui ont vendu des chaussures à Winchendon. Qui se sont bagarrés à Philadelphie. Ou se sont cuités à Toonerville. Je vous le dis, rien n'est plus épouvantable que de déambuler dans les rues désertes d'une ville américaine à l'aube.

Les anges vagabonds