lundi 16 septembre 2019

Le Lot se méthanise


Cahors, Figeac, Rocamadour… Le Lot est beau, le Lot est vert, le Lot est campagnard, le Lot est touristique. On y trouve encore parfois, au détour d’un chemin, les traces d’anciennes civilités et les vestiges, toujours émouvants, de la civilisation paysanne. On s’y promène, on s’y baigne, on y visite ses grottes préhistoriques, on y travaille, on y vit. On y installe un méthaniseur industriel qui traitera 65 000 tonnes de déchets par an.

Construit à Gramat, dans le nord du Lot, cette usine traite des déchets importés de cinq départements alentours. Issus de restaurations collectives, d’élevages industriels, de laiteries, de stations d’épuration et d’abattoirs ces déchets contiennent des métaux lourds, des perturbateurs endocriniens, des germes, des pesticides, des produits chimiques, des médicaments ainsi que d'autres éléments minéraux et organiques très divers. Cerise sur le gâteau : un autre méthaniseur industriel sera construit également sur le causse de Martel à Mayrac : il traitera 20 000 tonnes de déchets de toutes sortes par an et épandra ses digestats sur le causse de Martel.

Il faut, en effet, savoir qu’avec ces déchets, les méthaniseurs de Gramat et Mayrac produiront du méthane et de l’électricité mais surtout un sous-produit : le digestat. Celui-ci est présenté par la société Bioquercy1, qui exploite l’usine, comme un « fertilisant » qui sera épandu sur 4000 hectares de causse au cœur du parc naturel des causses du Quercy et des 800 ha du causse de Martel.

Or, le digestat est non seulement un résidu fluide qui s’infiltre immédiatement dans les sols mais il se trouve que partiellement « hygiénisé », il peut charrier des germes pathogènes (kystes de parasites, Bacillus cereus et clostridies), des virus émergent et d'autres résidus d'antibiotiques.

La région calcaire des causses est un milieu particulièrement vulnérable, déjà victime des épandages du lisier des élevages industriels. Ceux-ci ont provoqué l’expansion extraordinaire de la végétation aquatique dans le lit de la Dordogne, du Célé et de leurs affluents ainsi que des pollutions d’eau potable enregistrées notamment à Cahors au printemps 2017.

En sus de l’odeur de merde que supportent les riverains de l’usine, de la mort étrange d’essaims d’abeilles sur les lieux où a été épandu ce digestat, il est plus que probable que son épandage souillera les eaux souterraines, les rivières et les adductions d’eau potable de ce coin de pays.




1 Détenue à 66 % par Fonroche, constructeur de méthaniseurs et La Quercynoise.