mardi 13 novembre 2018

Geworfenheit et dialectique




L’homme naît inachevé, il est jeté dans le monde parce qu’il y entre inachevé, il s’y retrouve comme assiégé. Il doit donc secréter la culture comme une carapace défensive et cet inachèvement constitue la base anthropologique de la pensée dialectique. (Lapassade dit que « la prématuration biologique de l’enfant crée davantage que la fixation durable aux premiers objets d’amour, cette prématuration est source d’un besoin de fusion inassouvi ». ) En effet « jeté dans le monde », l’enfant y constitue une totalité inachevée, incomplète, une nostalgie ou si on veut une intention de la totalité qui tend à se compléter et à se rendre autonome mais qui n’y arrivera qu’aux prix d’un effort. Cet effort de totalisation est l’ébauche de la praxis. La dialectique se définit comme une logique de l’inachèvement.

Joseph Gabel, Anthropologie et dialectique