vendredi 22 décembre 2017
mercredi 20 décembre 2017
Une ouverture sans réserve
La raison ne peut résister que dans le désespoir et l'excès ; il faut de l'absurde pour ne pas être victime de la folie collective. [...] l'aptitude à l'angoisse et l'aptitude au bonheur sont la même chose : une ouverture sans réserve, jusqu'au sacrifice de soi, à l'expérience où celui qui succombe se retrouve.
Theodor W. Adorno, Minima moralia
mardi 19 décembre 2017
mercredi 13 décembre 2017
L'effort pour rendre l'autre bête
En janvier 2015,
dans le revue du MAUSS, Marilia Amorim, professeur à Paris VIII,
publiait L'effort pour rendre l'autre bête. Elle y elle faisait
l’hypothèse que certaines formes d’intelligence actuelles, très
répandues, sont analysables comme des efforts, souvent couronnés de
succès, pour rendre l’autre bête.
Elle mettait
ainsi en rapport les formes de savoirs et de discours bien connues
telles que Logos (l’intelligence démonstrative), Mythos
(l’intelligence narrative) et Mètis (l’intelligence rusée) et
la façon dont elles jouent sur l’appareil formel de l’énonciation,
la structure ternaire « je, tu et il », au cœur des
processus de subjectivation et de socialisation.
Son propos
l'amenait à montrer qu’une certaine forme actuelle de Mètis
(souvent mise en œuvre dans les industries culturelles actuelles)
permet non pas de donner la parole à un interlocuteur (comme
tout bon espace démocratique est supposé le permettre), mais
littéralement de la lui prendre et de parler ainsi à sa
place.
On trouvera
l'intégralité de son intervention là.
Marilia Amorim
est aussi l'auteur de :
. Raconter,
démontrer, …survivre. Formes de savoir et de discours dans la
culture contemporaine ;
. Petit
traité de la bêtise contemporaine, qui
traite de la bêtise non pas individuelle, mais induite socialement.
Le tout est publié chez Erès.
jeudi 7 décembre 2017
jeudi 30 novembre 2017
Nihilisme et capitalisme
Accoudé au Comptoir, on écoutera Alfredo Gomez-Muller, l'auteur de Nihilisme et capitalisme, nous causer du nihilisme, rejeton certifié du capitalisme.
Pour la bonne bouche, on lira, ci-dessous, quelques extraits de son propos. Quant à l'intégralité de l'entretien, on la trouvera ici.
*
Nietzsche resignifie le mot
“nihilisme”, qui existait déjà avec une tout autre
signification, pour en faire un concept qui confère une première
forme intelligible à ce phénomène du vide de sens ou – dans
le langage des philosophies de l’existence du XXe
siècle – de l’absurdité de l’existence. Il ne
s’agit pas d’une expérience purement “individuelle” ou
subjective car la subjectivité se constitue dans l’intersubjectivité
et se construit socialement, dans les interactions quotidiennes des
uns avec les autres au sein d’une certaine société et d’une
certaine culture. Le nihilisme est produit socialement et
“culturellement” au sein des sociétés européennes les plus
industrialisées (Nietzsche parle de « nihilisme
européen ») ainsi que des États-Unis, une société qui
reproduit en Amérique l’essentiel du modèle économique et social
instauré par le capitalisme industriel en Europe. Le nihilisme est
la vision du monde inhérente au capitalisme, qui enferme la vie
humaine dans un monde de finalités sans fin, de finalités
dépourvues de sens.
*
Dans ce monde toute chose est saisie
comme susceptible d’une appropriation privée et accumulative
permettant d’accroître l’influence et le pouvoir sur les
autres ; le monde est par là même le lieu de la lutte de tous
contre tous. Le monde en tant que tel est assigné à la
signification unique de l’appropriable au service du
pouvoir sur les autres, c’est-à-dire de la domination. Le
monde n’a pas de sens, il possède exclusivement la signification
de l’appropriable au service de la domination. Au
XVIIe siècle, au moment de la première expansion du
capitalisme, Hobbes avait déjà posé l’avoir et le
pouvoir comme finalités ultimes de la vie humaine, et
affirmé que ces deux finalités font système. Le nihilisme
capitaliste produit et est à la fois produit par une forme de
subjectivité individualiste et possessive (« l’individualisme
possessif » étudié par C.B. Macpherson), qui a perdu la
capacité de créer du sens et des valeurs. L’eau, la terre et déjà
l’air que nous respirons deviennent ressources pour
l’accroissement du Capital, tout comme les êtres humains qui
deviennent "ressource" et marchandise. Le nihilisme n’est pas un état de la culture, car
le propre de la culture est sa capacité à recréer sans cesse du
sens et des valeurs qui disent l’exigence éthique de la
solidarité. Le nihilisme capitaliste est plutôt un état de
l’anti-culture.
*
La modernité capitaliste, et non
pas “la” modernité en général, tend à chasser de
l’espace public et de la conscience des personnes tout
questionnement sur le “pourquoi”, à tel point que le sens de la
question elle-même tend à disparaître dans un monde d’individus
affairés et soucieux des meilleurs moyens permettant de maximiser
profits et performances. Reste cependant, en dehors du problème de
l’invasion de la rationalité instrumentale, la question de la
configuration proprement capitaliste de la technique. La technique
moderne est très largement configurée par l’intérêt capitaliste
de maximisation du rendement et du profit privé, et, plus
précisément, par le fait que cet intérêt prime sur l’intérêt
général de la société. La technique industrielle configurée par
le capitalisme a pu fabriquer des machines et des formes
d’organisation du travail qui sont peu respectueuses de la nature
et de l’intégrité des humains qui sont, par exemple, asservis à
des rythmes imposés par la machine, c’est-à-dire par les agents
techniques de l’intérêt capitaliste. L’organisation technique
capitaliste du travail pousse à l’extrême la division du travail,
produisant ainsi des tâches confinées et répétitives dont le sens
échappe au travailleur. Déjà observé par Castoriadis dans les années 1960, ce phénomène s’étend et prend aujourd’hui
la forme des bullshit jobs ou des “jobs à la con”.
L’absence de sens dans la société est aussi la généralisation
du non sens dans le travail.
Der Mann ohne Eigenschaften
Robert Musil
Ce livre étincelant, qui maintient de la façon la plus exquise le difficile équilibre entre l'essai et la comédie épique, n'est plus, Dieu soit loué, un "roman" au sens habituel du terme : il ne l'est plus parce que, comme l'a dit Goethe « tout ce qui est parfait dans son genre transcende ce genre pour devenir quelque chose d'autre, d'incomparable ». Son ironie, son intelligence, sa spiritualité relèvent du domaine le plus religieux, le plus enfantin, celui de la poésie.
Thomas Mann, 1932,
à propos de L'Homme sans qualités
mercredi 15 novembre 2017
Contre la réforme du travail
Dans la Plèbe Hâte, déjà va, l'ami Wrob, avec quelques camarades, s'est fendu d'un tract concernant la réforme du travail. Il y rappelle, entre autre chose, que les raisons de se mobiliser contre cette réforme ne manquent pas :
- les ordonnances vont faciliter les licenciements et dégrader les conditions de travail ;
- baisse des APL jusqu’à 60 euros par mois ;
- état d’urgence inscrit dans le droit commun qui met gravement en danger nos droits, nos libertés ;
- 150 000 contrats aidés supprimés ;
- retour au service militaire.
- baisse des APL jusqu’à 60 euros par mois ;
- état d’urgence inscrit dans le droit commun qui met gravement en danger nos droits, nos libertés ;
- 150 000 contrats aidés supprimés ;
- retour au service militaire.
On lira avec profit ce tract là. A diffuser comme on peut et tant qu'on veut.
vendredi 10 novembre 2017
Bei freunden sein
Frei sein (être libre) signifie
originellement bei freunden sein (être auprès d'amis). Freiheit
(liberté) et Freund (ami) ont la même racine. Fondamentalement, la
liberté est relation. On ne se sent véritablement libre que dans
une relation réussie, dans le bonheur d'être ensemble avec
d'autres.
Byung-Chul Han, Psychopolitique, Le
néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir
Communauté
C'est seulement dans la communauté avec d'autres que chaque individu a les moyens de développer ses facultés dans toutes les directions. C'est donc seulement dans la communauté que la liberté personnelle est possible.
Karl Marx, Friedrich Engels, L'idéologie allemande
jeudi 9 novembre 2017
Demain, tous crétins
Apparemment, l'humanité bascule dans l'imbécillité : depuis
vingt ans, les scientifiques constatent que les capacités
intellectuelles ne cessent de diminuer à l'échelle mondiale. Une
baisse du QI a été observée dans plusieurs pays occidentaux. À
cela s'ajoute une explosion des cas d'autisme et des troubles du
comportement. En cause : les perturbateurs endocriniens, ces
molécules chimiques qui bouleversent le fonctionnement de la
thyroïde, essentielle au développement cérébral du fœtus.
Présentes dans les pesticides, les cosmétiques, les mousses de
canapé ou encore les plastiques, ils nous font baigner dans une
véritable soupe chimique. Aux États-Unis, chaque bébé naît ainsi
avec plus de cent de ces molécules dans le sang.
Dans Demain, tous crétins ?, Sylvie Gilman et Thierry
de Lestrade traitent de l'effet de ces polluants sur notre
intelligence et notre santé mentale en interrogeant des chercheurs,
comme la biologiste Barbara Demeneix, spécialiste de la thyroïde,
ou la biochimiste américaine Arlene Bloom, qui lutte, depuis les
années 1970, contre l'utilisation des retardateurs de flammes.
Visionnons donc la chose ici en n'oubliant pas que cette critique,
toute juste qu'elle soit, n'est que partielle et que nous savons que
les perturbateurs endocriniens, tout redoutables qu'ils soient, ne
sont pas les seuls responsables de notre abrutissement.
« Polyfactorielle, polyfactorielle ! », tel doit être
l'écho de nos défiances.
lundi 6 novembre 2017
lundi 30 octobre 2017
Un(e) mystique ?
D'un geste très oriental, Hossein Soleimani pause
soigneusement son briquet sur le paquet de cigarettes avant de
désigner le bout de table où Guimard est assis.
"- En voilà un qui pourrait être le paradigme de ce que
nous sommes : deux ou trois manuscrits en attente, des
ressources économiques aussi incertaines que mystérieuses, un zeste
d'hypocondrie et un désir de révolte qui se cantonne au rythme de
son clavier. Le tout, enveloppé dans un désespoir lui-même en
lambeaux à force d'avoir été ressassé. Sentez-vous du talent chez
cet homme ? J'ai lu son manuscrit. Cela s'appelle Les
frontières du nord. Je ne sais qu'en dire.
Je suis un peu gris mais je vais risquer un jugement : il a du
talent, un talent des marges, un talent qui promet sans jamais se
commettre avec certaines formes du réel. Regardez-le pointer son
index vers la petite Paulet : il y a de la hargne chaque fois qu'il
veut s'expliquer, ne serait-ce que pour défendre ses goûts en
matière de vin. C'est la hargne du réprouvé. Est-il original ?
Sommes-nous originaux ? Si oui, nous possédons cette
originalité qu'arborent les écrivains inconnus : une morale
qui voudrait se tenir en dehors de l'hypocrisie. Remarquez, je me
demande si cette morale là ne constituerait pas elle-aussi un
créneau. Il y a une telle demande... Ceci dit, regardez ses mains,
sa façon de boire son verre de vin, cette bedaine, ce regard vif.
C'est un animal à sang chaud. Un viveur un peu forcé qui jugule ses
peurs sur l'écran de son ordinateur. Qu'est-ce que l'écriture pour
lui ? Pour nous ? Une adhésion sincère au pouvoir de
l'encre ? Allez savoir... Je ne sais plus qui disait que malgré
la jungle des câbles, la forêt des antennes et des paraboles, il
faut continuer à écrire dans l'espoir qu'au milieu de ce bordel
quelqu'un nous lira. Une mystique ? Une solution de repli face à
ce que nous prenons dans les dents ? Une lâcheté qui se dissimule
derrière des imprécations ? J'aime bien le regarder : il boit
comme s'il ne devait plus jamais boire. Il y a quelque chose du noyé
chez Guimard. Il faut dire que je vois des noyés partout en ce
moment, des femmes et des hommes submergés par l'absence de
solution. Pourtant, je dois l'admettre, nous bougeons encore. Nous
respirons. Nous racontons des histoires. Nous noircissons carnets et
écrans à la recherche de je ne sais quoi. La vérité ? Comme
vous, ce genre de mot me donne des aigreurs d'estomac. Je me sens
toujours assez petit garçon quand quelqu'un les ramène sur la
table. Soyons plus modestes. Je parierais que nous cherchons surtout
un lecteur attentif. Quelqu'un qui mêlera ses erreurs aux nôtres
pour que nous puissions donner un sens aux mots que nous avons empilé
là. L'intégrité ? Regardez Guimard, il est amoureux d'Ampus, cela
crève les yeux tout autant que le poids qu'il a perdu depuis qu'il
la connaît. Il fait un régime, je vous l'assure ! Pourtant, je
suis certain qu'il cèderait aux sirènes d'un autre éditeur si
celles-ci venaient lui chanter les mirages d'une publication plus
élargie. Et alors là, l'amour... Il ne resterait de son élan que
l'encens qu'il n'aurait pas eu le temps de brûler."
Les enfants de Moloch, walk in progress
vendredi 27 octobre 2017
A, B et C
Les big data suggèrent un
savoir absolu. Tout est mesurable et quantifiable. Les choses
révèlent leur corrélations restées jusqu'ici secrètes. Le
comportement humain doit lui aussi devenir exactement prévisible. On
proclame un nouvel âge du savoir. Les corrélations remplacent la
causalité. Le « C'est comme ça » remplace le
« Pourquoi ça ? ». La quantification numérique
de la réalité chasse l'esprit hors du savoir.
[...]
C'est avant tout le « concept »
qui génère la connaissance. Le concept, C, comprend en lui A
et B et c'est grâce à lui que sont saisis, compris A et B.
Il est la relation supérieure qui contient A et B, et à partir de
laquelle on peut fonder leur rapport. A et B sont ainsi les « moments
d'un tiers supérieur ». La connaissance ne peut
commencer qu'au niveau du concept : « Le concept, immanent
aux choses elles-mêmes, est ce par quoi elles sont ce qu'elles sont,
et comprendre un objet veut donc dire devenir conscient de son
concept* ». Ce n'est qu'à partir du concept englobant,
C, qu'il est possible de saisir et comprendre
complètement la corrélation entre A et B. Les big data sont sans
concept et sans esprit. Le savoir absolu que suggèrent les
big data n'est que l'absolu du non-savoir.
Byung-Chul Han, Psychopolitique, Le
néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir
* G.W. Hegel
mercredi 25 octobre 2017
Relier
Le totalitarisme est un nihilisme, édifié sur l'oubli et la dénégation de l'inscription de l'homme dans la nature et dans une communauté qui le précède et le forme. Si la volonté de puissance de la technoscience implique la séparation de l'homme et de la nature, la cupidité et la violence sont les traits caractérisant les hommes déculturés et rendus étrangers les uns aux autres par la contrainte et le capital. L'abstraction est déliaison, et la déliaison est la mort. La possibilité de reconstruire un "monde commun" à partir du "monde de la vie", au contraire, suppose, entre autres choses, la reconnaissance de "la nature humaine comme un matériau tout à fait brut et parfaitement indifférencié qui ne [prend] une forme reconnaissable que lorsqu'elle [est] formée par la tradition culturelle*."
Jacques Luzi, Brève relation sur le capitalisme transhumaniste et la mort. Un totalitarisme en marche.
* Margaret Mead
Un constat
Il n'y a plus de beauté que dans le regard qui se tourne vers l'horrible, s'y confronte et maintient, avec une conscience entière de la négativité, la possibilité d'un monde meilleur.
Théodor Adorno, Minima moralia.
jeudi 19 octobre 2017
(Notre) Disparition
Selon une étude, publiée dans la revue Plos One, et menée par un groupe de chercheurs réunis sous la bannière de l'Entomological Society Krefeld, la masse totale des insectes volants
a diminué de plus de 75% en près de trente ans en Allemagne.
Menée entre 1989 et 2016, dans 96 lieu situés dans des zones
dites "protégées" d'Allemagne, l'étude montre un déclin saisonnier de 76 % des insectes volants ; déclin augmentant jusqu'à 82 % lors des périodes estivales.
Cette hécatombe, qui a été observée quels que soient les
changements météorologiques, l'utilisation des sols ou les
caractéristiques de l'habitat, serait probablement due à l'usage
des pesticides dans les propriétés agricoles situées aux alentours
de ces lieux.
Rappelons aux adorateurs du « progrès » que 80% de
nos plantes sauvages dépendent de la pollinisation des insectes volants
et que 60% des oiseaux vivent grâce à cette source de nourriture. Si ceux-ci disparaissent, nous disparaîtrons avec eux. Voilà une nouvelle preuve, s'il en fallait une, que nous avançons à
grands pas vers l'abîme de notre disparition. Au regard de notre présent, nous sommes déjà certains que celle-ci ne pourra être que longue et douloureuse.
mercredi 18 octobre 2017
Hildur Guðnadóttir
Une amie musicienne nous a chaudement recommandé le travail de cette violoncelliste islandaise. Le morceau, ici livré, se nomme Elevation.
vendredi 13 octobre 2017
mardi 3 octobre 2017
vendredi 29 septembre 2017
(Je ne suis pas) Un numéro ?
Il y a de fortes chances que cette phrase, picorée sur
le site Nouvelles de sous mon front, convienne à cette nouvelle production cinématographique. Celles et ceux qui iront la voir nous le confirmeront.
Les gens disent
parfois qu’on pourra estimer que le féminisme a triomphé quand la
moitié des PDG seront des femmes. Il ne s’agit pas de féminisme,
pour reprendre Catharine MacKinnon, il s’agit du libéralisme
appliqué aux femmes. Le féminisme aura triomphé non pas
lorsqu’autant de femmes que d’hommes tireront profit d’une
organisation sociale oppressive, qui se nourrit de la sueur de nos
sœurs, mais lorsque toutes les hiérarchies de domination, y compris
économiques, seront démantelées.
Lierre Keith
Lierre Keith
jeudi 28 septembre 2017
Reflets
Ô combien futile et donc indispensable, le site Louxo's Enjoyables offre d'anciens reflets forts appréciables.
lundi 18 septembre 2017
jeudi 7 septembre 2017
Les chimpanzés du futur
Frères
humains, sœurs humaines, vous avez entendu parler du transhumanisme
et des transhumanistes ; d'une mystérieuse menace, groupe fanatique,
société de savants et d'industriels dont l'activisme impérieux et
l'objectif affiché consistent à liquider l'espèce humaine pour lui
substituer l'espèce supérieure, «augmentée», des
hommes-machines. Une espèce résultant de l'automachination par
ingénierie génétique et hybridation électro-mécanique.
Vous
avez entendu l'ultimatum cynique et provocant de ce chercheur en
cybernétique : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et
ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne
seront pas plus utiles que nos vaches actuelles au pré.» Et encore,
«ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s'améliorer
auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et
formeront les chimpanzés du futur.»
Nous
sommes les chimpanzés du futur et nous vous appelons à la
résistance contre ce néo-nazisme surgi des laboratoires.
Les
animaux politiques qui écrivent à l'enseigne de Pièces et main d'oeuvre combattent le transhumanisme depuis une quinzaine d'années.
Ils ont déjà publié nombre de livres sur des sujets voisins,
Terreur et Possession, Aujourd’hui le Nanomonde, L'Industrie de la
contrainte, etc.
Pour
commander Le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (14
x 20 cm - 348
pages), envoyez un chèque de 20 € (port
compris), à l'ordre de :
Service
compris
BP.
27
38
172 Seyssinet - Pariset cedex
mardi 5 septembre 2017
L'enfant, dit-elle...
Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de
l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers
mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans
la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé
en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai
pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui
demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez
lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est
organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant
de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose.
Sophie Lemp, Leur séparation
vendredi 1 septembre 2017
Une lettre de Nicolas
C’est ainsi que, plongé
dans cette vulgaire existence, je tâche d’empêcher mon cerveau de
se moisir, je donne ainsi carrière à la malignité de la fortune
qui me poursuit ; je suis satisfait qu’elle ait pris ce moyen de me
fouler aux pieds, et je veux voir si elle n’aura pas honte de me
traiter toujours de la sorte. Le soir venu, je retourne chez moi, et
j’entre dans mon cabinet, je me dépouille, sur la porte, de ces
habits de paysan, couverts de poussière et de boue, je me revêts
d’habits de cour, ou de mon costume, et, habillé décemment, je
pénètre dans le sanctuaire antique des grands hommes de l’antiquité
; reçu par eux avec bonté et bienveillance, je me repais de cette
nourriture qui seule est faite pour moi, et pour laquelle je suis né.
Je ne crains pas de m’entretenir avec eux, et de leur demander
compte de leurs actions. Ils me répondent avec bonté ; et pendant
quatre heures j’échappe à tout ennui, j’oublie tous mes
chagrins, je ne crains plus la pauvreté, et la mort ne saurait
m’épouvanter ; je me transporte en eux tout entier.
Nicolas Machiavel, lettre à Francesco Vettori
jeudi 31 août 2017
La Grande Bellezza
Si nous avions été un peu refroidis par la vision de Youth, celle de La Grande Bellezza nous avait
enthousiasmé pour des raisons, certes cinématographiques, mais
aussi purement existentielles : dans ce film, Rome était
filmée comme une déclaration d'amour, déclaration où se mêlaient
morbidezza et étonnement simple, ce qui nous était allé droit au coeur.
Nous laissons aux exégètes, mieux armés, le soin de disputer du
talent (ou non) de Paolo Sorrentino. En ce qui nous concerne, et
malgré la claire conscience de certaines longueurs, nous avons été
touchés par cette beauté là.
mardi 29 août 2017
lundi 28 août 2017
Jean-Paul Curnier (1951-2017)
-
- J’écris
ces lignes sur un support qui ne me survivra pas et je songe à ces
mots de Jean-Paul Curnier : « Pourquoi
parler encore quand, tout autour de nous, l’implacable douceur
d’un sommeil hypnotique nous invite au repos d’un langage sans
effraction, quand, chaque jour et en toute occasion, se mesure au
vide des discours le prodigieux affaissement de la pensée qu’exige
en retour le consensus contemporain ?[…] En ces temps
de communication, parler à quelqu’un est devenu l’exercice le
plus solitaire qui soit, et l’espoir s’effondre un peu plus
chaque jour de sortir d’un dialogue autrement qu’on y est
entré.»
Jean-Paul Curnier est mort le 5 août dernier d'un cancer. Il avait 66 ans. Il fut mon professeur à l'université. Le seul, lors des grèves de novembre 86, à avoir tenté de nous rendre l’intelligence de notre révolte.
On peut lire de lui :
. L'écologie politique au miroir
. Manifeste
. Aggravation 1989-2001
. A vif
- J’écris
ces lignes sur un support qui ne me survivra pas et je songe à ces
mots de Jean-Paul Curnier : « Pourquoi
parler encore quand, tout autour de nous, l’implacable douceur
d’un sommeil hypnotique nous invite au repos d’un langage sans
effraction, quand, chaque jour et en toute occasion, se mesure au
vide des discours le prodigieux affaissement de la pensée qu’exige
en retour le consensus contemporain ?[…] En ces temps
de communication, parler à quelqu’un est devenu l’exercice le
plus solitaire qui soit, et l’espoir s’effondre un peu plus
chaque jour de sortir d’un dialogue autrement qu’on y est
entré.»
vendredi 28 juillet 2017
"Au cours des trois mois écoulés depuis que Google a mis en œuvre les
modifications apportées à son moteur de recherche, moins de personnes
ont eu accès aux sites d’information de gauche et anti-guerre. Sur la
base des informations disponibles sur les analyses d’Alexa, d’autres
sites qui ont subi des baisses dans le classement incluent WikiLeaks,
Alternet, Counterpunch, Global Research, Consortium News et Truthout.
Même les groupes de défense des droits démocratiques tels que l’Union
américaine pour les libertés civiles et Amnesty International semblent
avoir été touchés."
On est pas toujours d'accord avec le site du Grand Soir dont les effluves, parfois un peu raides de la nuque, hérissent notre odorat. Quoi qu'il en soit, on trouvera sur celui-ci un article sur les manoeuvres de Google pour limiter l'accès au site dits "de gauche". On vous laisse faire votre opinion...
mercredi 26 juillet 2017
lundi 17 juillet 2017
La folie est un château assiégé par le vide
Quand
les
étendards du néant grondent
devant
ma porte
je
sors mon carnet
pour
comptabiliser ses troupes
et
calculer les possibilités de la défaite
je
reconnais de vieux ennemis
quelques
silhouettes
qui
il
n’y a pas si longtemps
foulaient
le sol
de
ma cuisine
en
sifflotant
j’ai
l’habitude
je
classe mes notes
allume
un cigare
et
attends la nuit
en
vieux pro de l’effondrement.
13.03.07
pour
Y.
jeudi 13 juillet 2017
Je me dore
(...) mes amours je les ai sur le bout de la
langue
elles me reviennent à chaque frontière
langues mortes
langues de vipère
langues familières
la fermer, se taire
l'ouvrir
ça va sans dire
désormais je me dore
à tes rires
je me dore à tes nerfs
désormais je me dore
à l'endroit à l'envers
à la chaleur humaine (...)
elles me reviennent à chaque frontière
langues mortes
langues de vipère
langues familières
la fermer, se taire
l'ouvrir
ça va sans dire
désormais je me dore
à tes rires
je me dore à tes nerfs
désormais je me dore
à l'endroit à l'envers
à la chaleur humaine (...)
Alain Bashung, Je me dore
mardi 11 juillet 2017
lundi 10 juillet 2017
L'anéantissement
Le Monde publie les résultats d'une
étude menée par deux chercheurs, Gerardo Ceballos de l'université nationale autonome du Mexique
et Paul Ehrlich de l'université de Stanford, sur l'anéantissement des animaux. Nous
vous livrons ici quelques extraits de l'article.
« C’est ce qu’ils nomment
« un anéantissement biologique ». Dans une
étude très alarmante, publiée lundi 10 juillet dans les Proceeding of the National Academy of Sciences (PNAS), des chercheurs
américains et mexicains concluent que les espèces de vertébrés
reculent de manière massive sur Terre, à la fois en nombre
d’animaux et en étendue. Une « défaunation »
aux conséquences potentiellement « catastrophiques »
pour les écosystèmes et aux sérieux impacts écologiques,
économiques et sociaux. »
« Les
disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un
rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a
66 millions d’années. »
« En 2016, la planète
ne comptait que 7000 guépards et 35000 lions africains (− 43 % depuis 1993). Les populations
d’orangs-outans de Bornéo ont chuté de 25 %
ces dix dernières années, pour atteindre 80 000 individus, tandis que celles de girafes ont diminué de
115 000 spécimens en 1985 à 97 000 en 2015.
Celles de pangolins ont tout simplement été décimées. »
« Parmi les 177 espèces de
mammifères scrutées plus spécifiquement par l’étude, 40 %
ont perdu 80 % de leur aire de répartition historique depuis
1900. »
« Au total, plus de 50 % des
animaux ont disparu depuis quarante ans, estiment les scientifiques,
qualifiant leurs résultats de « prudents ». Des
conclusions qui confirment celles du dernier rapport « Planète
vivante » publié en octobre 2016 par le WWF :
il concluait que les populations de vertébrés ont chuté de 58 %
entre 1970 et 2012. »
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