mercredi 20 décembre 2017

Une ouverture sans réserve



La raison ne peut résister que dans le désespoir et l'excès ; il faut de l'absurde pour ne pas être victime de la folie collective. [...] l'aptitude à l'angoisse et l'aptitude au bonheur sont la même chose : une ouverture sans réserve, jusqu'au sacrifice de soi, à l'expérience où celui qui succombe se retrouve. 

Theodor W. Adorno, Minima moralia

 

mardi 19 décembre 2017

Courbe ascendante



Le montant total des 500 plus grandes fortunes de France 
(en milliards d'euros)

mercredi 13 décembre 2017

L'effort pour rendre l'autre bête


En janvier 2015, dans le revue du MAUSS, Marilia Amorim, professeur à Paris VIII, publiait L'effort pour rendre l'autre bête. Elle y elle faisait l’hypothèse que certaines formes d’intelligence actuelles, très répandues, sont analysables comme des efforts, souvent couronnés de succès, pour rendre l’autre bête.
 
Elle mettait ainsi en rapport les formes de savoirs et de discours bien connues telles que Logos (l’intelligence démonstrative), Mythos (l’intelligence narrative) et Mètis (l’intelligence rusée) et la façon dont elles jouent sur l’appareil formel de l’énonciation, la structure ternaire « je, tu et il », au cœur des processus de subjectivation et de socialisation. 
 
Son propos l'amenait à montrer qu’une certaine forme actuelle de Mètis (souvent mise en œuvre dans les industries culturelles actuelles) permet non pas de donner la parole à un interlocuteur (comme tout bon espace démocratique est supposé le permettre), mais littéralement de la lui prendre et de parler ainsi à sa place.

On trouvera l'intégralité de son intervention .

Marilia Amorim est aussi l'auteur de :

. Raconter, démontrer, …survivre. Formes de savoir et de discours dans la culture contemporaine ;
. Petit traité de la bêtise contemporaine, qui traite de la bêtise non pas individuelle, mais induite socialement.

Le tout est publié chez Erès.

jeudi 30 novembre 2017

Nihilisme et capitalisme


Accoudé au Comptoir, on écoutera Alfredo Gomez-Muller, l'auteur de Nihilisme et capitalisme, nous causer du nihilisme, rejeton certifié du capitalisme.

Pour la bonne bouche, on lira, ci-dessous, quelques extraits de son propos. Quant à l'intégralité de l'entretien, on la trouvera ici.

*

Nietzsche resignifie le mot “nihilisme”, qui existait déjà avec une tout autre signification, pour en faire un concept qui confère une première forme intelligible à ce phénomène du vide de sens ou – dans le langage des philosophies de l’existence du XXe siècle – de l’absurdité de l’existence. Il ne s’agit pas d’une expérience purement “individuelle” ou subjective car la subjectivité se constitue dans l’intersubjectivité et se construit socialement, dans les interactions quotidiennes des uns avec les autres au sein d’une certaine société et d’une certaine culture. Le nihilisme est produit socialement et “culturellement” au sein des sociétés européennes les plus industrialisées (Nietzsche parle de « nihilisme européen ») ainsi que des États-Unis, une société qui reproduit en Amérique l’essentiel du modèle économique et social instauré par le capitalisme industriel en Europe. Le nihilisme est la vision du monde inhérente au capitalisme, qui enferme la vie humaine dans un monde de finalités sans fin, de finalités dépourvues de sens. 

*

Dans ce monde toute chose est saisie comme susceptible d’une appropriation privée et accumulative permettant d’accroître l’influence et le pouvoir sur les autres ; le monde est par là même le lieu de la lutte de tous contre tous. Le monde en tant que tel est assigné à la signification unique de l’appropriable au service du pouvoir sur les autres, c’est-à-dire de la domination. Le monde n’a pas de sens, il possède exclusivement la signification de l’appropriable au service de la domination. Au XVIIe siècle, au moment de la première expansion du capitalisme, Hobbes avait déjà posé l’avoir et le pouvoir comme finalités ultimes de la vie humaine, et affirmé que ces deux finalités font système. Le nihilisme capitaliste produit et est à la fois produit par une forme de subjectivité individualiste et possessive (« l’individualisme possessif » étudié par C.B. Macpherson), qui a perdu la capacité de créer du sens et des valeurs. L’eau, la terre et déjà l’air que nous respirons deviennent ressources pour l’accroissement du Capital, tout comme les êtres humains qui deviennent "ressource" et marchandise. Le nihilisme n’est pas un état de la culture, car le propre de la culture est sa capacité à recréer sans cesse du sens et des valeurs qui disent l’exigence éthique de la solidarité. Le nihilisme capitaliste est plutôt un état de l’anti-culture. 

*

La modernité capitaliste, et non pas “la” modernité en général, tend à chasser de l’espace public et de la conscience des personnes tout questionnement sur le “pourquoi”, à tel point que le sens de la question elle-même tend à disparaître dans un monde d’individus affairés et soucieux des meilleurs moyens permettant de maximiser profits et performances. Reste cependant, en dehors du problème de l’invasion de la rationalité instrumentale, la question de la configuration proprement capitaliste de la technique. La technique moderne est très largement configurée par l’intérêt capitaliste de maximisation du rendement et du profit privé, et, plus précisément, par le fait que cet intérêt prime sur l’intérêt général de la société. La technique industrielle configurée par le capitalisme a pu fabriquer des machines et des formes d’organisation du travail qui sont peu respectueuses de la nature et de l’intégrité des humains qui sont, par exemple, asservis à des rythmes imposés par la machine, c’est-à-dire par les agents techniques de l’intérêt capitaliste. L’organisation technique capitaliste du travail pousse à l’extrême la division du travail, produisant ainsi des tâches confinées et répétitives dont le sens échappe au travailleur. Déjà observé par Castoriadis dans les années 1960, ce phénomène s’étend et prend aujourd’hui la forme des bullshit jobs ou des “jobs à la con”. L’absence de sens dans la société est aussi la généralisation du non sens dans le travail. 


Der Mann ohne Eigenschaften

Robert Musil

Ce livre étincelant, qui maintient de la façon la plus exquise le difficile équilibre entre l'essai et la comédie épique, n'est plus, Dieu soit loué, un "roman" au sens habituel du terme : il ne l'est plus parce que, comme l'a dit Goethe « tout ce qui est parfait dans son genre transcende ce genre pour devenir quelque chose d'autre, d'incomparable ». Son ironie, son intelligence, sa spiritualité relèvent du domaine le plus religieux, le plus enfantin, celui de la poésie.

Thomas Mann, 1932, à propos de L'Homme sans qualités


mercredi 15 novembre 2017

Contre la réforme du travail



Dans la Plèbe Hâte, déjà va, l'ami Wrob, avec quelques camarades, s'est fendu d'un tract concernant la réforme du travail. Il y rappelle, entre autre chose, que les raisons de se mobiliser contre cette réforme ne manquent pas :
- les ordonnances vont faciliter les licenciements et dégrader les conditions de travail ;
- baisse des APL jusqu’à 60 euros par mois ;
- état d’urgence inscrit dans le droit commun qui met gravement en danger nos droits, nos libertés ;
- 150 000 contrats aidés supprimés ;
- retour au service militaire.

On lira avec profit ce tract . A diffuser comme on peut et tant qu'on veut.

vendredi 10 novembre 2017

Bei freunden sein



Frei sein (être libre) signifie originellement bei freunden sein (être auprès d'amis). Freiheit (liberté) et Freund (ami) ont la même racine. Fondamentalement, la liberté est relation. On ne se sent véritablement libre que dans une relation réussie, dans le bonheur d'être ensemble avec d'autres. 

Byung-Chul Han, Psychopolitique, Le néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir


Communauté


C'est seulement dans la communauté avec d'autres que chaque individu a les moyens de développer ses facultés dans toutes les directions. C'est donc seulement dans la communauté que la liberté personnelle est possible.

Karl Marx, Friedrich Engels, L'idéologie allemande


jeudi 9 novembre 2017

Demain, tous crétins




Apparemment, l'humanité bascule dans l'imbécillité : depuis vingt ans, les scientifiques constatent que les capacités intellectuelles ne cessent de diminuer à l'échelle mondiale. Une baisse du QI a été observée dans plusieurs pays occidentaux. À cela s'ajoute une explosion des cas d'autisme et des troubles du comportement. En cause : les perturbateurs endocriniens, ces molécules chimiques qui bouleversent le fonctionnement de la thyroïde, essentielle au développement cérébral du fœtus. Présentes dans les pesticides, les cosmétiques, les mousses de canapé ou encore les plastiques, ils nous font baigner dans une véritable soupe chimique. Aux États-Unis, chaque bébé naît ainsi avec plus de cent de ces molécules dans le sang. 

Dans Demain, tous crétins ?, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade traitent de l'effet de ces polluants sur notre intelligence et notre santé mentale en interrogeant des chercheurs, comme la biologiste Barbara Demeneix, spécialiste de la thyroïde, ou la biochimiste américaine Arlene Bloom, qui lutte, depuis les années 1970, contre l'utilisation des retardateurs de flammes. 

Visionnons donc la chose ici en n'oubliant pas que cette critique, toute juste qu'elle soit, n'est que partielle et que nous savons que les perturbateurs endocriniens, tout redoutables qu'ils soient, ne sont pas les seuls responsables de notre abrutissement. « Polyfactorielle, polyfactorielle ! », tel doit être l'écho de nos défiances.


lundi 30 octobre 2017

Un(e) mystique ?

 
D'un geste très oriental, Hossein Soleimani pause soigneusement son briquet sur le paquet de cigarettes avant de désigner le bout de table où Guimard est assis.
"- En voilà un qui pourrait être le paradigme de ce que nous sommes : deux ou trois manuscrits en attente, des ressources économiques aussi incertaines que mystérieuses, un zeste d'hypocondrie et un désir de révolte qui se cantonne au rythme de son clavier. Le tout, enveloppé dans un désespoir lui-même en lambeaux à force d'avoir été ressassé. Sentez-vous du talent chez cet homme ? J'ai lu son manuscrit. Cela s'appelle Les frontières du nord. Je ne sais qu'en dire. Je suis un peu gris mais je vais risquer un jugement : il a du talent, un talent des marges, un talent qui promet sans jamais se commettre avec certaines formes du réel. Regardez-le pointer son index vers la petite Paulet : il y a de la hargne chaque fois qu'il veut s'expliquer, ne serait-ce que pour défendre ses goûts en matière de vin. C'est la hargne du réprouvé. Est-il original ? Sommes-nous originaux ? Si oui, nous possédons cette originalité qu'arborent les écrivains inconnus : une morale qui voudrait se tenir en dehors de l'hypocrisie. Remarquez, je me demande si cette morale là ne constituerait pas elle-aussi un créneau. Il y a une telle demande... Ceci dit, regardez ses mains, sa façon de boire son verre de vin, cette bedaine, ce regard vif. C'est un animal à sang chaud. Un viveur un peu forcé qui jugule ses peurs sur l'écran de son ordinateur. Qu'est-ce que l'écriture pour lui ? Pour nous ? Une adhésion sincère au pouvoir de l'encre ? Allez savoir... Je ne sais plus qui disait que malgré la jungle des câbles, la forêt des antennes et des paraboles, il faut continuer à écrire dans l'espoir qu'au milieu de ce bordel quelqu'un nous lira. Une mystique ? Une solution de repli face à ce que nous prenons dans les dents ? Une lâcheté qui se dissimule derrière des imprécations ? J'aime bien le regarder : il boit comme s'il ne devait plus jamais boire. Il y a quelque chose du noyé chez Guimard. Il faut dire que je vois des noyés partout en ce moment, des femmes et des hommes submergés par l'absence de solution. Pourtant, je dois l'admettre, nous bougeons encore. Nous respirons. Nous racontons des histoires. Nous noircissons carnets et écrans à la recherche de je ne sais quoi. La vérité ? Comme vous, ce genre de mot me donne des aigreurs d'estomac. Je me sens toujours assez petit garçon quand quelqu'un les ramène sur la table. Soyons plus modestes. Je parierais que nous cherchons surtout un lecteur attentif. Quelqu'un qui mêlera ses erreurs aux nôtres pour que nous puissions donner un sens aux mots que nous avons empilé là. L'intégrité ? Regardez Guimard, il est amoureux d'Ampus, cela crève les yeux tout autant que le poids qu'il a perdu depuis qu'il la connaît. Il fait un régime, je vous l'assure ! Pourtant, je suis certain qu'il cèderait aux sirènes d'un autre éditeur si celles-ci venaient lui chanter les mirages d'une publication plus élargie. Et alors là, l'amour... Il ne resterait de son élan que l'encens qu'il n'aurait pas eu le temps de brûler." 

Les enfants de Moloch, walk in progress 

 

vendredi 27 octobre 2017

A, B et C



Les big data suggèrent un savoir absolu. Tout est mesurable et quantifiable. Les choses révèlent leur corrélations restées jusqu'ici secrètes. Le comportement humain doit lui aussi devenir exactement prévisible. On proclame un nouvel âge du savoir. Les corrélations remplacent la causalité. Le « C'est comme ça » remplace le « Pourquoi ça ? ». La quantification numérique de la réalité chasse l'esprit hors du savoir.
[...]
C'est avant tout le « concept » qui génère la connaissance. Le concept, C, comprend en lui A et B et c'est grâce à lui que sont saisis, compris A et B. Il est la relation supérieure qui contient A et B, et à partir de laquelle on peut fonder leur rapport. A et B sont ainsi les « moments d'un tiers supérieur ». La connaissance ne peut commencer qu'au niveau du concept : « Le concept, immanent aux choses elles-mêmes, est ce par quoi elles sont ce qu'elles sont, et comprendre un objet veut donc dire devenir conscient de son concept* ». Ce n'est qu'à partir du concept englobant, C, qu'il est possible de saisir et comprendre complètement la corrélation entre A et B. Les big data sont sans concept et sans esprit. Le savoir absolu que suggèrent les big data n'est que l'absolu du non-savoir.

Byung-Chul Han, Psychopolitique, Le néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir

* G.W. Hegel


mercredi 25 octobre 2017

Relier




Le totalitarisme est un nihilisme, édifié sur l'oubli et la dénégation de l'inscription de l'homme dans la nature et dans une communauté qui le précède et le forme. Si la volonté de puissance de la technoscience implique la séparation de l'homme et de la nature, la cupidité et la violence sont les traits caractérisant les hommes déculturés et rendus étrangers les uns aux autres par la contrainte et le capital. L'abstraction est déliaison, et la déliaison est la mort. La possibilité de reconstruire un "monde commun" à partir du "monde de la vie", au contraire, suppose, entre autres choses, la reconnaissance de "la nature humaine comme un matériau tout à fait brut et parfaitement indifférencié qui ne [prend] une forme reconnaissable que lorsqu'elle [est] formée par la tradition culturelle*."

Jacques Luzi, Brève relation sur le capitalisme transhumaniste et la mort. Un totalitarisme en marche.


* Margaret Mead


Un constat


Il n'y a plus de beauté que dans le regard qui se tourne vers l'horrible, s'y confronte et maintient, avec une conscience entière de la négativité, la possibilité d'un monde meilleur.

Théodor Adorno, Minima moralia

jeudi 19 octobre 2017

(Notre) Disparition



Selon une étude, publiée dans la revue Plos One, et menée par un groupe de chercheurs réunis sous la bannière de l'Entomological Society Krefeld, la masse totale des insectes volants a diminué de plus de 75% en près de trente ans en Allemagne.

Menée entre 1989 et 2016, dans 96 lieu situés dans des zones dites "protégées" d'Allemagne, l'étude  montre  un  déclin  saisonnier de   76 % des insectes volants ; déclin augmentant jusqu'à 82 % lors des périodes estivales. Cette hécatombe, qui a été observée quels que soient les changements météorologiques, l'utilisation des sols ou les caractéristiques de l'habitat, serait probablement due à l'usage des pesticides dans les propriétés agricoles situées aux alentours de ces lieux.

Rappelons aux adorateurs du « progrès » que 80% de nos plantes sauvages dépendent de la pollinisation des insectes volants et que 60% des oiseaux vivent grâce à cette source de nourriture. Si ceux-ci disparaissent, nous disparaîtrons avec eux. Voilà une nouvelle preuve, s'il en fallait une, que nous avançons à grands pas vers l'abîme de notre disparition. Au regard de notre présent, nous sommes déjà certains que celle-ci ne pourra être que longue et douloureuse.


mercredi 18 octobre 2017

Hildur Guðnadóttir




Une amie musicienne nous a chaudement recommandé le travail de cette violoncelliste islandaise. Le morceau, ici livré, se nomme Elevation.

mardi 3 octobre 2017

vendredi 29 septembre 2017

(Je ne suis pas) Un numéro ?


Il y a de fortes chances que cette phrase, picorée sur le site Nouvelles de sous mon front, convienne à cette nouvelle production cinématographique. Celles et ceux qui iront la voir nous le confirmeront.

Les gens disent parfois qu’on pourra estimer que le féminisme a triomphé quand la moitié des PDG seront des femmes. Il ne s’agit pas de féminisme, pour reprendre Catharine MacKinnon, il s’agit du libéralisme appliqué aux femmes. Le féminisme aura triomphé non pas lorsqu’autant de femmes que d’hommes tireront profit d’une organisation sociale oppressive, qui se nourrit de la sueur de nos sœurs, mais lorsque toutes les hiérarchies de domination, y compris économiques, seront démantelées.

Lierre Keith


jeudi 28 septembre 2017

Reflets


Ô combien futile et donc indispensable, le site Louxo's Enjoyables offre d'anciens reflets forts appréciables.


jeudi 7 septembre 2017

Les chimpanzés du futur


Frères humains, sœurs humaines, vous avez entendu parler du transhumanisme et des transhumanistes ; d'une mystérieuse menace, groupe fanatique, société de savants et d'industriels dont l'activisme impérieux et l'objectif affiché consistent à liquider l'espèce humaine pour lui substituer l'espèce supérieure, «augmentée», des hommes-machines. Une espèce résultant de l'automachination par ingénierie génétique et hybridation électro-mécanique.

Vous avez entendu l'ultimatum cynique et provocant de ce chercheur en cybernétique : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles au pré.» Et encore, «ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s'améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur.»

Nous sommes les chimpanzés du futur et nous vous appelons à la résistance contre ce néo-nazisme surgi des laboratoires.

Les animaux politiques qui écrivent à l'enseigne de Pièces et main d'oeuvre combattent le transhumanisme depuis une quinzaine d'années. Ils ont déjà publié nombre de livres sur des sujets voisins, Terreur et Possession, Aujourd’hui le Nanomonde, L'Industrie de la contrainte, etc.

Pour commander Le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (14 x 20 cm - 348 pages), envoyez un chèque de 20 € (port compris), à l'ordre de :

Service compris
BP. 27
38 172 Seyssinet - Pariset cedex

mardi 5 septembre 2017

L'enfant, dit-elle...




Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. 

Sophie Lemp, Leur séparation

 

vendredi 1 septembre 2017

Une lettre de Nicolas



C’est ainsi que, plongé dans cette vulgaire existence, je tâche d’empêcher mon cerveau de se moisir, je donne ainsi carrière à la malignité de la fortune qui me poursuit ; je suis satisfait qu’elle ait pris ce moyen de me fouler aux pieds, et je veux voir si elle n’aura pas honte de me traiter toujours de la sorte. Le soir venu, je retourne chez moi, et j’entre dans mon cabinet, je me dépouille, sur la porte, de ces habits de paysan, couverts de poussière et de boue, je me revêts d’habits de cour, ou de mon costume, et, habillé décemment, je pénètre dans le sanctuaire antique des grands hommes de l’antiquité ; reçu par eux avec bonté et bienveillance, je me repais de cette nourriture qui seule est faite pour moi, et pour laquelle je suis né. Je ne crains pas de m’entretenir avec eux, et de leur demander compte de leurs actions. Ils me répondent avec bonté ; et pendant quatre heures j’échappe à tout ennui, j’oublie tous mes chagrins, je ne crains plus la pauvreté, et la mort ne saurait m’épouvanter ; je me transporte en eux tout entier. 

Nicolas Machiavel, lettre à Francesco Vettori 

 

jeudi 31 août 2017

La Grande Bellezza



Si nous avions été un peu refroidis par la vision de Youth, celle de La Grande Bellezza nous avait enthousiasmé pour des raisons, certes cinématographiques, mais aussi purement existentielles : dans ce film, Rome était filmée comme une déclaration d'amour, déclaration où se mêlaient morbidezza et étonnement simple, ce qui nous était allé droit au coeur. Nous laissons aux exégètes, mieux armés, le soin de disputer du talent (ou non) de Paolo Sorrentino. En ce qui nous concerne, et malgré la claire conscience de certaines longueurs, nous avons été touchés par cette beauté là.

lundi 28 août 2017

Jean-Paul Curnier (1951-2017)

 

J’écris ces lignes sur un support qui ne me survivra pas et je songe à ces mots de Jean-Paul Curnier : « Pourquoi parler encore quand, tout autour de nous, l’implacable douceur d’un sommeil hypnotique nous invite au repos d’un langage sans effraction, quand, chaque jour et en toute occasion, se mesure au vide des discours le prodigieux affaissement de la pensée qu’exige en retour le consensus contemporain ?[…] En ces temps de communication, parler à quelqu’un est devenu l’exercice le plus solitaire qui soit, et l’espoir s’effondre un peu plus chaque jour de sortir d’un dialogue autrement qu’on y est entré

Jean-Paul Curnier est mort le 5 août dernier d'un cancer. Il avait 66 ans. Il fut mon professeur à l'université. Le seul, lors des grèves de novembre 86, à avoir tenté de nous rendre l’intelligence de notre révolte.

On peut lire de lui : 

. L'écologie politique au miroir
. Manifeste
. Aggravation 1989-2001
. A vif





vendredi 28 juillet 2017

Google


"Au cours des trois mois écoulés depuis que Google a mis en œuvre les modifications apportées à son moteur de recherche, moins de personnes ont eu accès aux sites d’information de gauche et anti-guerre. Sur la base des informations disponibles sur les analyses d’Alexa, d’autres sites qui ont subi des baisses dans le classement incluent WikiLeaks, Alternet, Counterpunch, Global Research, Consortium News et Truthout. Même les groupes de défense des droits démocratiques tels que l’Union américaine pour les libertés civiles et Amnesty International semblent avoir été touchés."

On est pas toujours d'accord avec le site du Grand Soir dont les effluves, parfois un peu raides de la nuque, hérissent notre odorat. Quoi qu'il en soit, on trouvera sur celui-ci un article sur les manoeuvres de Google pour limiter l'accès au site dits "de gauche". On vous laisse faire votre opinion...


lundi 17 juillet 2017

La folie est un château assiégé par le vide



Quand
les étendards du néant grondent
devant ma porte
je sors mon carnet
pour comptabiliser ses troupes
et calculer les possibilités de la défaite

je reconnais de vieux ennemis
quelques silhouettes
qui
il n’y a pas si longtemps
foulaient le sol
de ma cuisine
en sifflotant

j’ai l’habitude
je classe mes notes
allume un cigare
et attends la nuit
en vieux pro de l’effondrement.

13.03.07 pour Y.




jeudi 13 juillet 2017

Petit viatique de l'honnête homme (12)





Je me dore




(...) mes amours je les ai sur le bout de la langue
elles me reviennent à chaque frontière
langues mortes
langues de vipère
langues familières
la fermer, se taire
l'ouvrir
ça va sans dire
désormais je me dore
à tes rires
je me dore à tes nerfs
désormais je me dore
à l'endroit à l'envers
à la chaleur humaine (...)

Alain Bashung, Je me dore


lundi 10 juillet 2017

L'anéantissement


Le Monde publie les résultats d'une étude menée par deux chercheurs, Gerardo Ceballos de l'université nationale autonome du Mexique et Paul Ehrlich de l'université de Stanford, sur l'anéantissement des animaux. Nous vous livrons ici quelques extraits de l'article

« C’est ce qu’ils nomment « un anéantissement biologique ». Dans une étude très alarmante, publiée lundi 10 juillet dans les Proceeding of the National Academy of Sciences (PNAS), des chercheurs américains et mexicains concluent que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur Terre, à la fois en nombre d’animaux et en étendue. Une « défaunation » aux conséquences potentiellement « catastrophiques » pour les écosystèmes et aux sérieux impacts écologiques, économiques et sociaux. »

« Les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. »
 
« En 2016, la planète ne comptait que 7000 guépards et 35000 lions africains (− 43 % depuis 1993). Les populations d’orangs-outans de Bornéo ont chuté de 25 % ces dix dernières années, pour atteindre 80 000 individus, tandis que celles de girafes ont diminué de 115 000 spécimens en 1985 à 97 000 en 2015. Celles de pangolins ont tout simplement été décimées. »

« Parmi les 177 espèces de mammifères scrutées plus spécifiquement par l’étude, 40 % ont perdu 80 % de leur aire de répartition historique depuis 1900. »

« Au total, plus de 50 % des animaux ont disparu depuis quarante ans, estiment les scientifiques, qualifiant leurs résultats de « prudents ». Des conclusions qui confirment celles du dernier rapport « Planète vivante » publié en octobre 2016 par le WWF : il concluait que les populations de vertébrés ont chuté de 58 % entre 1970 et 2012. »