mercredi 8 avril 2020

Obscénités



Avec les morts, les malades et le désespoir de ceux qui, confinés et sans travail, voient leurs ressources s'amenuiser dans des lieux qui n'ont de vie que le nom, ce qui domine, dans ces journées rythmées par la pandémie, c'est bien l'obscénité.

L'obscénité légère et labile chez celles et ceux qui, à vingt heures tapantes chaque jour, applaudissent les personnels soignant livrés le plus souvent à eux mêmes et sous-équipés. Des femmes et des hommes aujourd'hui qualifiés de héros par un gouvernement qui, il y a quelques mois, envoyait ces CRS et ces gardes mobiles les molester parce qu'ils avaient l'outrecuidance de jeter l'alarme sur l'état de l'hôpital public. Un gouvernement qui, en témoigne le dernier rapport de la Caisse des dépots et consignations compte bien, la pandémie officellement résorbée, accélérer le processus de destruction/privatisation de l'hôpital public entamé par les précédents gouvernements.

Cette obscénité là, ne devrait pas surprendre de la part de personnes qui, au sens le plus clinique du terme, présentent les aspects les plus évidents de la sociopathie. On peut se demander, par contre, ce que signifient ces applaudissements sur les balcons du peuple. Car enfin, qui applaudissent-ils ? Celles et ceux qui, aujourd'hui, mouillent la blouse (souvent déchirée) et vont au casse-pipe, littéralement, pour leur sauver la mise ? Ceux là mêmes qu'ils n'ont pas soutenu, quelques temps auparavant, lorsqu'ils se faisaient régulièrement matraquer et gazer par la police ? Ou bien, s'applaudissent-ils eux-mêmes de soutenir un confinement si long ? On peut aussi penser que, à la façon des enfants effrayés par le silence de la nuit, ils font un peu de bruit pour se sentir moins abandonnés par un régime qui a bien montré n'avoir cure de leur existence... 

Une autre obscénité : celle, satisfaite et repue, d'un Yves Calvi, supposé journaliste, déclarant, le 12 mars dernier, être las de la "pleurniche permanente hospitalière", comme le rappelait cette chère Jane dans son journal.

Il y a aussi l'obscénité décomplexée, et presque automatique, d'un Blanquer remerciant, dans une avalanche de mels, les enseigants pour lesquels il aura toujours fait montre du plus profond mépris, à la fois pour leur personne et pour leur matière, depuis qu'il est ministre de l'éducation nationale.

La liste pourrait continuer à s'allonger jusqu'à la nausée. Brisons là pour le moment et espérons simplement que ce qui a été appris une fois ne sera pas oublié.