Justifications. Ce soucis de la fesse alors que tant disparaissent en Méditerranée ! Ces attentions du cœur quand se dissout le droit du travail ! Ces guipures exposées quand la moindre source nous tourne l'estomac ! Que répondre ? Que ce saccage se retrouve, en ombre portée, sur les peaux que j'évoque ? Que le fait même d'aimer est frappé de nullité par la perspective de notre disparition ? – car nous en sommes là : l'extinction, à deux ou trois siècles près. Que ces solitudes à deux ne sont que la condition nécessaire mais non suffisante de notre libération ? Que ces conjonctions là, malgré tout, offrent l'un des plus beaux faisceau de possibilités qui soient ? Que ceci n'empêche pas cela ?
Fragile. En terre gaste, les prophètes dressent leurs autels tous azimuts : froids calculs et chauds sentiments, science empesée et chakras quotidiens, tout pour ma gueule et don de soi... C'est le bazar de l'ultime, le méli assez mélo des dernières découvertes, le diktat mou d'un renoncement qui a sapé jusqu'à l'ombre de notre courage. Notre corps, douillettement pomponné d'injonctions – des récits écrits par d'autres -, est un drapeau fragile trop heureux de n'être plus qu'en berne.
Père sévère. Avec l'âge, on soupèse avec moins d'ironie l'assertion lacanienne sur l'amour : donner ce que l'on a pas à quelqu'un qui n'en veut pas. Au-delà du plaisir de l'aphorisme et du jeu syllogistique, on se surprend à creuser le passé pour juger nos déboires. Entre-t-on dans ce schéma que se dessine, avec soulagement, l'impossibilité de l'amour. Et voilà nos pauvres histoires nimbées d'un lustre qui n'est pas sans rappeler le plus modeste : "Je vous l'avais bien dit" de la sagesse populaire. A cette lumière là, c'est presque un soulagement que d'avoir souffert.