lundi 30 janvier 2017

Un champ



C'est un champ qui ne demande qu'à être traversé. On peut même s'y arrêter et poser ses fesses sur une herbe que ponctuent ça et là quelques bouses de vaches. Il n'est pas en pente, ni particulièrement plat. Il s'est fait sans façon avec l'orchestre du vent. C'est un champ qui mène à un autre champ un peu plus petit où l'on croise parfois des lièvres. J'y ai suivi un chevreuil quelques minutes avant qu'il ne s'enfonce dans la nuit. C'est un champ qui, les jours de beaux temps, vous offre un ciel de derrière les fagots. Je ne sais pas à qui il appartient. J'y ai vu paître des brebis et parfois des vaches. Depuis son centre, on peut y voir une Auvergne crénelée de volcans. La barrière qui l'entoure a été plantée il y a longtemps. Parfois, il m'arrive de passer mes mains sur ses poteaux en me demandant quel âge j'avais quand il ont été plantés. J'examine, palpe et renifle ces bouts de bois torréfiés par le soleil et j'opte souvent pour l'année de mes dix ans. A la fin de l'été, les vents tièdes font bruisser les hêtres et les châtaigniers qui l'entourent comme des dizaine de colliers de perles que l'on agiterait doucement. C'est le chant du champ, sa mélopée de bienvenue et d'adieu qui me permet de le quitter avec la certitude de le retrouver.


2 commentaires:

V. s a dit…

Quel très beau texte ! J'adore cette façon que tu as d'esquisser la biographie de ce champ. Moi qui vit actuellement à la campagne et qui aime toujours me balader, ce texte et ce beau chant du champ me parlent. Et en bonus une belle photo avec un ciel de derrière les fagots. Vraiment bravo. A bientôt. Patrick.

Le Promeneur a dit…

Merci pour cet éloge de mes passions champêtres...
Bien à vous.