Nous possédons environ 50 % des richesses du monde, mais seulement 6,3 % de sa population. Notre véritable tâche dans la période à venir est de concevoir un modèle de relations qui nous permettra de maintenir cette position de disparité sans porter préjudice à notre sécurité nationale. Pour ce faire, nous devrons nous débarrasser de toute sentimentalité et de toute rêverie, et notre attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas croire que nous pouvons nous offrir aujourd’hui le luxe de l’altruisme et du bien-être mondial. Nous devrions cesser de parler d’objectifs vagues et irréels, tels que les droits de l’homme, l’élévation du niveau de vie et la démocratisation. Le jour n’est pas loin où nous devrons utiliser des concepts de pouvoir purs et durs. Moins nous serons gênés par des slogans idéalistes, mieux ce sera.
George Kennan, 23 février 1948 - The State Department Policy Planning Staff papers, p. 121-122. (Traduction Jacques Luzi)
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Somme toute, ce n'est jamais que l'aboutissement du processus de réification de ce que l'on appelle "Un homme d'état", avec cet assèchement complet de son humanité dont il tire probablement une sorte de fierté. Celui-ci s'en vante, les autres préfèrent le taire, par prudence.
D'accord avec votre analyse même si ces temps nouveaux font que les dominants dissimulent de moins en moins leurs appétits.
Si le roi est bien nu aux USA, d'autres roitelets, en France et ailleurs, ne s'encombrent plus guère, eux-aussi, de ce genre de pudeur.
Le moment sans doute où le capitalisme global se révèle en sa nature profonde, d'essence totalitaire ; qu'il croit désormais pouvoir se l'autoriser et ne plus avoir à prendre de gant. Et il mise pour cela sur la séparation généralisée de la structure sociale qu'il a su si bien instaurer. La question est donc de savoir si notre humanité sera en mesure de trouver les ressources pour le détromper à ce sujet et finalement s'en débarrasser.
S’en débarrasser…
En exergue de ses précieux Commentaires, Guy Debord citait le vieux Sun Tze : « Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre. » Et pourquoi pas ?
Ceci étant dit, si la réalisation toujours plus poussée de l’aliénation capitaliste nous place dans l’alternative de refuser la totalité de notre misère, ou rien, comme disait notre cher contempteur, on peut aujourd’hui penser que la disparition du capitalisme sera sans doute moins le fruit de notre sens dialectique que de l’action non discriminante de virus, sécheresses, pollutions, guerres et autres conséquences du train de vie véritablement déréglé de nos folles sociétés.
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