J'ai été invité à voir, l'autre
soir, à Aix en Provence (cette ville muée en surface
commerciale géante) Cosi fan tutte, l'opéra de Mozart mis en
scène par le cinéaste Christophe Honoré. Après trois heures de ce
spectacle où des noirs sont violentés et humiliés au nom de la
dénonciation du colonialisme faciste transalpin, j'ai pensé ceci :
- que le génie de Mozart se révèle aussi dans sa façon de n'abandonner aucune plume
aux mises en scène les plus indigentes ;
- qu'à la conclusion de ces trois
heures de spectacle, il m'est revenu en mémoire ce sketch de Pierre Desproges où celui-ci, brocardant Marguerite Duras, s'exclame :
« Hiroshima, mon amour ! Et pourquoi pas Auschwitz, mon
loulou ! ». Et de me demander si, dans quelques années, Cosi
fan tutte ne se déroulera pas dans un décor restituant Birkenau
ou un camp de la Kolyma. Décor où les fringants Guglielmo et
Ferrando, vêtus en total look Hugo Boss*, lutineront Fiordiligi et
Dorabella en molestant quelques prisonniers sur l'air de Donne
mie la fate a tanti ;
- que, dans la nuit qui a suivi, m'est
revenue en mémoire cette définition d'Annie
Le Brun dans son ouvrage Si rien avait une forme ce serait ça :
"L'obscénité n'étant pas en l'occurrence celle qui est
traditionnellement bienséant d'accoler à la pornographie mais bien
plutôt celle d'une rhétorique excellant à anéantir ce qu'elle
célèbre comme à dénier ce qu'elle dénonce".
* Rappelons qu'Hugo Ferdinand Boss, le fondateur de la marque éponyme, fut un adhérent enthousiaste du parti nazi et produisit les uniformes des SA, des SS ainsi que de la Wehrmacht.
5 commentaires:
Il n'y a pourtant pas plus introduit et honoré que ce cher Christophe (et non Pascal), la moindre de ses productions (films, livres, mise en scène de théâtre et maintenant d'opéra) ne manque d'être partout encensée... Vous ne comprenez pas le génie, cher Promeneur ! (nous sommes au moins deux)
Merci, cher Inconsolable, pour ces précisions (je ne sais pas pourquoi j'ai persisté à honorer ce Christophe d'un Pascal...).
Heureux, aussi, de savoir que je ne suis pas le seul à rester muet (de saisissement) face à un tel génie.
Je vous souhaite un bel été.
Je suis un peu susceptible sur Marguerite Duras que je connais pas trop mal et que je défends (mollement) dès que j'en ai l'occasion, même quand elle est à la limite du ridicule. Alors vous souscrivez à la moquerie de Pierre Desproges cher Promeneur?
Oui.
Moins on est d'idiots à l'aimer, plus ça me va finalement !
Bien à vous,
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