Il y a, chaque jour, des
centaines de raisons de convoquer nos héros d'enfance préférés
pour venir nous donner un coup de main et bouter les salauds hors de
notre espace vital et, pourquoi pas, avancer la date du Grand Soir.
C'est ce que fait le narrateur
du Rendez-vous des héros
depuis sa chambre d'hôpital, quelques temps après la répression
sanglante du mai 68 mexicain et au sortir d'une rencontre contondante
avec un tueur de putes. Bien sûr, comme dans la plupart des romans
de Paco Ignacio Taibo II, Mexico, le District Fédéral est là, très
présent, au point de composer un personnage à part entière.
" Si tu n’étais pas là, où serais -tu ?
Sur
le pont d’Insurgentes, par exemple, du côté où la nuit n’agite
pas cette insipide lumière mercurielle : sur l’avenue División
del Norte, où l’obscurité se brise sur la ligne continue des
phares de voitures (dix mètres et, tout en bas, le Viaducto) ; un
fleuve urbain avec le rugissement requis. Tu lances le mégot et tu
le regardes tomber, avec le secret espoir de le voir rebondit sur le
toit d’une auto (c’est raté). D’une certaine manière,
l’espoir comme la cigarette a mis sept minutes à se consumer. À
présent, l’envie te prend de monter sur le parapet et de pisser
sur les automobiles. Au-dessous, un camion de déménagement soulève
des trombes d’eau en roulant dans les flaques. Il a recommencé à
pleuvoir…".
Paco Ignacio Taibo II, Au rendez-vous des héros.
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