lundi 1 septembre 2025

La nature existe



Dans ce bref ouvrage, Michel Blay et Renaud Garcia développent une perspective « naturienne » à contre-courant de la société industrielle et du dévoiement technocratique de l’écologie, avec pour finalité la préservation commune de la nature et de la liberté.

Le terme « naturien » s’inspire du mouvement populaire et libertaire de « retour à la nature » qui, entre 1894 et 1914, s’est élaboré contre l’artificialisation de la vie provoquée par l’industrialisation de la société, ou comme moyen de défendre « non seulement la nature, mais ce que l’on fait avec [elle], en tant que vivant humain ». 

Malgré leurs « impasses, leurs préjugés, leurs échecs, leur folklore pseudo-mystique parfois », les auteurs proposent de recueillir l’héritage des « naturiens » à la manière de Pierre Fournier (La gueule ouverte) et d’Alexandre Grothendieck (Survivre et vivre) et, ainsi, de demeurer des « vivants politiques dans un milieu vivant ».

Tenir cette position suppose d’en finir avec les « penseurs du vivant » ou des « descolatouriens » qui, au nom de l’écologie, associent l’effacement conceptuel de la nature à sa dissolution industrielle concrète. Ainsi, pour Philippe Descola, la « nature n’existe pas », et, pour Bruno Latour, la « nature est morte, Dieu merci ! »1

Disparaît alors la distinction entre « nature » et « artifice » et toute résistance possible à l’expansion industrielle, fondée sur une représentation abstraite de la nature comme une machine privée de toute qualité sensible et sur une pratique soumettant la nature à cette représentation abstraite et destructrice.

La disparition de cette distinction implique également la confusion entre les vivants et les systèmes techniques permettant, comme y invitait le cybernanthrope Gilbert Simondon (1924-1989), de considérer les technolologies (les applications issues des abstractions technoscientifiques) comme des partenaires de relations sociales. Ce qui suppose l’affirmation d’un néo-animisme dotant les machines, fabriquées et mortes, du statut de « vivant » et, en quelque sorte, de fétiches2

Car cette confusion sert l’« adaptation (subtile, négociée, diplomatique) à l’innovation technologique tous azimuts, c’est-à-dire à la force qui motorise désormais l’accumulation du capital »3. Et cette adaptation baigne dans le paradoxe qui consiste à soutenir l’expansion mortifère des technologies de la quatrième révolution industrielle, dérivées du naturalisme machinal de l’industrialisme, en le complétant par l’animisme postmoderne faisant mine, et seulement mine, de s’en émanciper.

La société industrielle correspond à l’application généralisée des abstractions technoscientifiques, que ce soit dans ses rapports à la nature, au corps vivant ou la société. Dans tous les cas, la représentation de la nature-machine, du corps-machine et de la société-machine conduit à nier la nature comme « devenir, mouvement incessant, apparition et disparition, génération et corruption », ou comme ce qui « naît, croît, vieillit et meure, en un cycle du vivant caractérisé par ailleurs par sa spontanéité et son imprévisibilité ». 

À partir de Edmund Husserl (1859-1938), Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) ou encore Michel Henry (1922-2002), les auteurs définissent la vie comme « Celle que nous sentons à la première personne, la vie sensible éprouvée du dedans [avant toute représentation], et non la vie telle que la conçoit la biologie moléculaire, tributaire des modélisations de la physique », c’est-à-dire de la conception machinale de la nature propre à l’industrialisme.

À l’apogée de la démesure technologique, l’industrialisation du vivant, portée par les biotechnologies et dans laquelle s’inscrit la reproduction artificielle de l’humain, fait du corps-vivant un corps-objet, un corps-fabriqué et machinal, un corps-mort4. Là encore, les penseurs du vivant – et autres technophiles postmodernes – pataugent dans la boue mêlant leur adhésion à la bio-industrie des tenants de la nature-machine et leur appel animiste à considérer ces technologies comme des partenaires sociaux. Comme s’il était possible d’échanger humainement avec une femme en situation de mort cérébrale et utilisée comme ventre reproductif, avant, pendant et après l’accouchement. Ou, lors la gestation machinée, de soutenir le moral d’un utérus artificiel contrôlé par une intelligence artificielle. De lui offrir des fleurs au moment de la délivrance de l’enfant. Et d’organiser, plus tard, de tendres rencontres entre cet enfant-machine et sa mère-machine. Comme si naître par des voies naturelles n’était pas le caractère de tout vivant, propulsé, singulier et inédit, dans le cycle immanent et indéfini de la « nature qui s’exprime dans le devenir, (…) où s’incarne notre vie ».

À la racine de la démesure technologique, on ne trouve pas la conception ancestrale (antique et chrétienne) de la nature, mais la représentation abstraite de la nature comme machine spécifique à l’ère industrielle et technologique. Cette représentation correspond en particulier à celle, depuis le 17e siècle, du temps abstrait, insensible et uniforme, « sans relation à rien d’extérieur » (Isaac Newton, 1687). Ce temps-machine, parce qu’il est dissocié de la vie et du vécu sensible, est le fondement du travail abstrait et du productivisme caractérisant le salariat5. Il est, de surcroît, le fondement de la mesure du travail, défini comme « produit du poids d’un corps par son déplacement ». De sorte que la nature, au même titre que les humains, « est assimilée à une immense réserve de travail » que l’industrie minière a en charge d’extirper en totalité. Au salariat correspond ainsi la nature-machine-stock, afin d’établir la domination de l’ordre du Technique (« développement de la nature-machine, réorganisation sociale autour de la machine, pouvoir des maîtres de la machine » ).

En évacuant le concept de « nature », les penseurs du vivant entretiennent le déni écolo-technocratique de l’aliénation à cet ordre du Technique, parce qu’ils le dominent et en jouissent. Ils ne sont pas les premiers6. Contre cette satisfaction imbécile, il convient d’entretenir l’espoir de luttes visant l’instauration de l’autonomie humaine, dans le cadre d’un « compagnonnage » avec la nature vivante.

C’est à cet espoir auquel nous convient Blay et Garcia et il n’en existe pas d’autre pour s’extraire de l’impasse industrielle, s’il est encore temps. Quant à ceux qui s’acharnent à stigmatiser cet espoir comme « réactionnaire », il convient de persévérer à dénoncer leur vision théologique de l’histoire, suspendue dans l’éther d’un « temps homogène et vide » : « Notre réflexion part de l’idée que la foi obstinée qu’ont ces hommes politiques [et ces intellectuels organiques] dans le progrès, la certitude qu’ils ont de s’appuyer sur une « base massive » et pour finir leur intégration servile dans un appareil incontrôlable [sont] trois faces de la même chose7. »

 

Jacques Luzi


M. Blay & R. Garcia, La nature existe. Par-delà règne machinal et penseurs du vivant, L’échappée, Paris, 2025.


1 Plutôt que l’animisme, on peut retenir des sociétés primitives leur vaste savoir concret, naturaliste et équitablement partagé : « Cet appétit de connaissance objective constitue un des aspects les plus négligés de la pensée de ceux que nous nommons « primitifs » » (C. Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Plon, Paris, 1962, p. 13).

2 Ce fétichisme est entretenu par tous les moyens de la propagande. Par exemple, « First ever World Humanoid Robot Games kiks off in Beijing » (youtube.com).

3 Par exemple, A. Truffler, « Comment Philippe Descola peut nous aider à mieux comprendre notre rapport aux IA », 2 aout 2023, usbeketrica.com. Les « penseurs du vivant » sont si peu anticapitalistes qu’ils ont fait l’objet d’une série de podcasts « Comment le vivant [le moineau, l’abeille, la moule, le chimpanzé, etc.] peut nous sauver » dans Le Monde, été 2025 (lemonde.fr).

4 Voir aussi C. Lafontaine, Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant, Seuil, Paris, 2021.

5 Voir aussi J. Luzi, « Technologie, illimitation du capital et travail », écologie & Politique, n°61, 2020/2, p. 137-154.

6 Tomjo, « 1972. Les sanibroyeurs de l’écologie. L’histoire du magazine Le sauvage », le 17 août 2025, renart.info.

7 W. Benjamin, « Sur le concept d’histoire » (1940), Œuvres. III, Gallimard, Paris, p. 439 & 435. Rigoureusement, le « progrès » désigne la religion séculière d’origine bourgeoise délivrant la foi dans une représentation abstraite et téléologique de l’histoire, dans la naturalité et la neutralité de la technologie et dans la causalité automatique entre expansion technologique et progrès humain. Trois dogmes réfutés par l’histoire concrète de l’industrialisme, mais persistants comme illusions conservatrices de l’ordre du Technique.

 

mercredi 27 août 2025

Mystère


Je suis d’avis que le poète doit de temps en temps plonger sa tête complètement dans l’obscurité, dans le mystère. 

Robert Walser 

lundi 21 juillet 2025

Songe estival (et habituel)


 

Pourtant il suffit d’apercevoir à la sortie d’un village à l’écart, d’un faubourg de bourgade dont la route ne mène nulle part en particulier, un vieil homme occupé à son jardin (frugale opulence de tomates, de haricots grimpants, de salades, de courges exubérantes, de dahlias, de soucis, de capucines envahissant le muret qui s’écroule, etc.), ou sans hâte à ranger son bois pour l’hiver, pour se souvenir alors, non sans amertume, qu’il aurait pu en aller très autrement de nous tous.

Baudoin de Bodinat, Au fond de la couche gazeuse 

 

vendredi 11 juillet 2025

La crise environnementale et la guerre

 


Dix-huit ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Max Weber écrivait :

Seule une incompréhension totale de la politique et un optimisme naïf peuvent méconnaître que la tendance inéluctable de tous les peuples civilisés bourgeoisement constitués débouche sans aucun doute possible, après une période de concurrence extérieurement pacifique, sur le moment où seule la puissance décidera de la part de chacun dans la domination économique de la terre, et donc du niveau de vie de sa population1.

Et, en 1999, Susan Strange affirmait :

Le modèle des États souverains est par nature incapable de corriger et d’inverser les processus de dégradation environnementale qui menacent la survie (…) de notre espèce2.

Je propose ici quelques commentaires de ces deux citations :

1. Le système-monde industriel, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est né de la guerre. Comme le note Geoffrey Parker : En Europe, « Le 16e siècle ne connaît pas plus de dix années de paix totale, le 17e siècle n’en verra que quatre », préparant la puissance militaire grâce à laquelle les états occidentaux, déjà « maîtres de 35% de la surface de la terre en 1800, en dominaient 84% en 1914 » (p. 57 & 65), absorbant ainsi l’essentiel des « ressources naturelles » mondiales, etc. 3

2. Au sein du système-monde industriel, il est possible de distinguer deux types de conflits :

les conflits coloniaux et néocoloniaux entre forces militaires inégales : Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, on a assisté à un processus de décolonisation limité à l’indépendance politique formelle, et à l’intégration des nouveaux états au marché mondial dominé par un ensemble de multinationales poursuivant le pillage des « ressources naturelles ».

Par exemple : depuis 1991, la France a mené 115 opérations militaires, principalement en Afrique, pour « sécuriser » son approvisionnement en uranium et en minerais stratégiques.

les conflits d’hégémonie entre les états industriels les plus puissants : Le système-monde industriel a connu une succession de « centres » hégémoniques : les Pays-Bas, l’Angleterre et les états-Unis. Chaque basculement de « centre » s’est effectué au cours de conflits « mondiaux » [La guerre de Trente ans (1618-1648), les guerres napoléoniennes (1803-1815) et la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)]. Aujourd’hui, la Chine, premier producteur mondial, prétend succéder aux états-Unis comme « centre » du système-monde, même si, pour l’instant, les états-Unis conservent leur suprématie monétaire et militaire.

C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les politiques de réarmement actuel et la nouvelle course aux armements nucléaires4.

3. La course à la puissance est le principal stimulant des progrès technologiques, qui ont majoritairement une origine militaire, ainsi que le remarque Stephen Graham :

Depuis le début de la Guerre froide, par exemple, les états-Unis ont régulièrement dévolu à la « défense » 80% des dépenses gouvernementales consacrées à la recherche et au développement technologiques. Les technologies telles qu’Internet, la réalité virtuelle, les avions de ligne, l’extraction de données, les caméras de surveillance, les fusées, la télécommande, les fours à micro-ondes, le radar, le GPS, les ordinateurs en réseau, les communications sans fil, la surveillance par satellite, la conteneurisation et la logistique ont toutes été fabriquées au cours de la seconde moitié du 20e siècle dans le cadre de l’élaboration des systèmes de contrôle militaire5.

J’ai montré ailleurs qu’il en était de même pour l’intelligence artificielle6.

Les applications civiles des technologies d’origine militaire ont deux fonctions :

  • Une fonction d’acceptabilité sociale, en renforçant la croyance entre progrès technologique et progrès social, alors que ces technologies servent également le renforcement de la surveillance et du contrôle des populations ;

  • Une fonction de financement : en perpétuant la croissance économique, ces applications permettent, via l’impôt, d’accroître les budgets militaires. Ainsi, l’accumulation du capital et la puissance militaire se nourrissent mutuellement.

4. L’intensification de la course à la puissance s’accompagne de la mise en place, partout dans le monde, d’un néo-conservatisme remettant en cause les principes même de la démocratie formelle. Comme l’écrivait Wendy Brown dès 2003, cette politique légitime un état qui « se consacre au développement d’une religion civique associant la forme de la famille, les pratiques consuméristes, la passivité politique et le patriotisme, et qui est ouvertement et offensivement impérialiste », n’hésitant pas pour cela à réintroduire la religion dans la vie publique7.

Trump est soutenu par la secte évangélique, le christianisme redevient une référence politique en Europe, la dictature de Poutine s’appuie sur l’église orthodoxe, la Chine développe un nationalisme d’inspiration néo-confucianiste, l’Inde un nationalisme hindou, le Moyen-Orient est dominé par des théocraties, etc.8 Ainsi, s’affirme un peu partout l’association entre la rationalité technoscientifique et l’irrationalité religieuse, permettant de mobiliser les masses dans des « conflits de civilisation » artificiellement établis.

5. La crise environnementale attise les conflits interétatiques et ceux-ci renforcent la crise environnementale.

La fusion nationaliste entre les religions et la course interétatique à la puissance (technologique) s’inscrit dans cette double causalité, sans souci des dégâts environnementaux générés par les guerres modernes (contamination de l’eau et de la terre, déchets et des débris dangereux, etc.).

Par exemple, la guerre menée par Israël en Palestine engendre une catastrophe écologique, rendant le territoire inhabitable9.

Comme le notait Harald Welzer dès 2009 :

Les guerres induites par le climat seront la forme directe ou indirecte de la résolution des conflits du 21e siècle et la violence est promise à un grand avenir : l’humanité assistera non seulement à des migrations massives, mais à des solutions violentes aux problèmes des réfugiés ; à des tensions dont l’enjeu sera les droits à l'eau et à l’exploitation, mais aussi à de véritables guerres pour les ressources.

Quelques exemples récents et à venir :

  • Les relations conflictuelles entre l’Inde et le Pakistan (deux états nucléaires), sous couvert de l’antagonisme entre l’hindouisme et l’islamisme, ont pour cause principale le partage des terres frontalières et des eaux de l’Indus, sur lesquelles reposent l’agriculture pakistanaise10.

  • Les annonces impérialistes de Trump traduisent l’inquiétude américaine concernant les métaux nécessaires aux technologies de pointe, notamment à usage militaire :

    L’accès aux terres rares et autres minerais critiques est une obsession pour le président américain. Parce qu’ils sont essentiels à d’autres secteurs clés pour la sécurité des états-Unis et la croissance de son économie, comme la défense et les systèmes de missiles, l’espace, la téléphonie et autres nouvelles technologies11.

Que ce soit du côté européen ou étasunien, l’aide à l’Ukraine est conditionnée par l’accès privilégié à ses ressources (titane, pétrole, gaz de schiste, fer, manganèse, zirconium, scandium, etc.), évaluées à 7500 milliards de dollars12.

Cette inquiétude et cette obsession pour l’énergie et les minerais sont partagées par l’ensemble des états industrialisés (à l’exception de la Chine pour les minerais, car elle représente 90 % de la capacité mondiale de traitement des terres rares). Ils expriment le cercle vicieux par lequel il faut de l’énergie et des minerais pour maintenir la supériorité technologique militaire, comme il faut la supériorité technologique militaire pour s’emparer de l’énergie et des minerais sur lesquels elle se fonde.

  • Par ailleurs, dans un rapport récent, l’Institut des Hautes études de Défense Nationale (France) indique, concernant le futur proche, que :

La fonte des glaces dans la région arctique va accroître l’accès à de nouvelles voies de navigation et réduire les coûts de l’exploitation de pétrole ou de minerais, posant le risque d’exacerber la compétition interétatique dans la zone13.

6. Conclusion. Je terminerai rapidement par deux remarques empruntées à Simone Weil, dans un vieux mais remarquable petit livre posthume, écrit en 1934 et publié en 1955 en France, Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale.

Première remarque : Du fait qu'il n'y a jamais détention définitive de la suprématie, mais seulement course au pouvoir, l’expansion de la force et de la puissance tend irrémédiablement vers la démesure, la réduction irrémédiable de l’humanité au statut de chose de choses inertes (les technologies) et, au final, l’autodestruction. Intuitivement, Simone Weil savait que la limitation des « ressources naturelles » à la base de la puissance constituait la principale contradiction de la course à la puissance :

Telle est la contradiction interne que tout régime oppressif porte en lui comme un germe de mort ; elle est constituée par l’opposition entre le caractère nécessairement limité des bases matérielles du pouvoir et le caractère nécessairement illimité de la course au pouvoir en tant que rapport entre les hommes14.

Troisième remarque. Je la cite :

Il n’est possible d’aimer et d’être juste que si l’on connaît l’empire de la force et si l’on sait ne pas le respecter15.

Aujourd’hui, on ne peut que travailler à répandre cet irrespect.

 

Jacques Luzi 

 ____________

 

1 M. Weber, cité par W. J. Mommsen, Max Weber et la politique allemande (1890-1920), PUF, 1985, p. 109.

2 S. Strange, « L’échec des États face à la mondialisation », Esprit, Décembre 2011 (1999), p. 63.

3 G. Parker, La révolution militaire. La guerre et l’essor de l’Occident 1500-1800, Gallimard, Paris, 1993 (1988), p. 57 & 65.

4 Observatoire des armements, « Les risques nucléaires augmentent avec l’émergence d’une nouvelle course aux armements », 16 juin 2025, obsarm.info.

5 S. Graham, Villes sous contrôle. La militarisation de l’espace urbain, La Découverte, Paris, 2012 (2010).

6 J. Luzi, Ce que l’intelligence artificielle ne peut pas faire, La Lenteur, Saint-Michel-de-Vax, 2024.

7 W. Brown, Les habits neufs de la politique mondiale, Les Prairies ordinaires, Paris, 2007, p. 111 & 122.

8 Successivement : S. Boussois, « La montée en puissance des évangéliques dans la politique étrangère américaine », Géopolitique et technologie, La revue internationale et stratégique, n°110, été 2018 (iris-france.org) ; W. Brown, Les habits neufs de la politique mondiale, op.cit., p. 120 et suivantes ; J. Faure, « Le cosmisme : une vieille idée russe pour 21e siècle », Le Monde diplomatique, décembre 2018 ; B. Xu, « Nationalisme populaire et nationalisme d’état : le cas chinois », Outre-Terre, 2006, n°15, p.51-59 ; Oncymm, « Nationalisme hindou », Revue Histoire, 19 février 2024, revue-histoire.fr.

9 J.-P. Filiu, « La catastrophe écologique de la guerre de Gaza », Le Monde, 7 juillet 2024, lemonde.fr.

10 E. Chaplault-Maestracci, « Conflit Inde Pakistan : le spectre d’une guerre de l’eau », Conflits, 21 mai 2025, revueconflits.com.

11 B. Bonnefous, « Pourquoi Donald Trump veut-il mettre la main sur les terres rares ? », Le Monde (podcast), 17 mars 2025, podcasts.lemonde.fr.

12 C. Izoard, « Un enjeu caché de la guerre en Ukraine : les matières premières », 9 décembre 2022, reporterre.net.

13 IHEDN, Les ruptures stratégiques contemporaines, 17 septembre 2024, ihedn.fr.

14 S. Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934), Paris, Gallimard, 1955, p. 59 & 72.

15 S. Weil, L’Iliade ou le poème de la force, Payot & Rivages, Paris, 2014 (1940-1941), p. 112.

jeudi 10 juillet 2025

L'enfance

 

 


S'ouvrait alors un horizon de possibilités. Le visage aimé était un pays lointain et chacun de nos voyages esquissait un avenir. Ce qui nous entourait n'était pas un décor mais le concours de chaque chose à notre joie. Le ciel s'offrait comme une coupe et les nuages qui le parcouraient composaient autant d'îles où s'arrêter. Le temps était un après-midi d'été où chaque pendule veillait sur notre sieste.


samedi 5 juillet 2025

Les ravages de la prostitution

Glané sur le site du magazine en ligne XXI : cet article où il est à nouveau démontré que lorsqu'on accepte d'être payé, on accepte également de ne pas mordre la main de celui vous stipendie ; particulièrement quand on à hâte de gloser sur le "développement durable", la "transition écologique" et autres foutaises du discours dominant. Et cela, toute honte bue.

Le 13 juin 2025, le Collège de France nous a communiqué ce contrat de 26 pages qui interroge la liberté académique dont doit se prévaloir un lieu de savoir. Le texte prévoit que Total  octroie la somme de 2 millions d’euros pour l’animation, de 2021 à 2026, de cette chaire ["Avenir Commun Durable" (sic) qui organise son cycle de conférences sur la transition écologique et énergétique (re sic)]. Chaque année y siège un scientifique qui s’est illustré dans sa discipline, comme l’économiste Christian Gollier ou le professeur d’histoire environnementale Kyle Harper. Une initiative visant à « s’engager et prendre part [au] combat » de la « transition écologique et énergétique » à l’heure de l’« urgence climatique », comme l’indique le site web Avenir Commun Durable.
En échange de cette donation, le Collège de France a consenti à une clause dite de non-dénigrement, c’est-à-dire qu’il s’engage à s’abstenir de « toute communication directe ou indirecte, écrite ou orale, susceptible de porter atteinte à l’image et à la notoriété » de la multinationale. Laquelle ne voit pas de contradiction à reconnaître, dans le même souffle, que « la réussite, la richesse intellectuelle, l’impact et le rayonnement de l’initiative Avenir Commun Durable reposent sur la réputation d’indépendance […] du Collège de France ».



mardi 17 juin 2025

Dans les solitudes

 

" Les hommes sont bien malheureux, se disait Angelo. Tout le beau se fait sans eux. Le choléra et les mots d'ordre sont de leur fabrication. Ils écument de jalousie ou périssent d'ennui, ce qui revient au même s'il ne leur est pas donné d'intervenir. Et s'ils interviennent, alors c'est la prime à l'hypocrisie et au délire. Il suffit d'être ici ou dans les solitudes que je traversais à cheval l'autre jour pour savoir où se trouvent les vrais combats, pour devenir très difficile sur les victoires à remporter. Somme toute pour ne plus se contenter de peu."

Jean Giono, Le hussard sur le toit 

mardi 3 juin 2025

Goûts

 


Ce barbon, vieux poète, disait qu’il ne les aimait...

pas forcément belles, bien que, comme tout pékin moyen, je ne refuse pas ma part de beauté dans cette vallée de larmes. Pas forcément belles donc, mais impérativement étrangères à mon monde. M’offrant dans les traits de leur visage, leur vêture ou l’atmosphère qui naît de leurs gestes, une promesse de dépaysement. Moins pour m’entraîner dans des aventures mirifiques, ou des destinations aristocratiques, que pour partager notre bienveillante étrangeté, le sentiment que d’autres ponants scintillent loin du théâtre local. Cela pourrait être une banlieue pavillonnaire avec d’étranges fleurs. Les jardins aux parfums humides d’un pavillon crépusculaire. Une sous-préfecture ensommeillée, heureusement oubliée par le progrès. Une rue cerclée de buildings dans une cité d’Amérique. Une chambre sous les toits où gisent les guipures odorantes de celle qui l’habite. Un appartement aux hauts murs frais au centre du Caire. Bref, qu’avec ses baisers, le parfum de ses cheveux m’offre un ailleurs que je ne trouve plus en moi.

 

mardi 13 mai 2025

Zu Asche, zu Staub

 


La psychologue hospitalière Sara Piazza s’étonne qu’une large partie de la gauche considère l’aide active à mourir comme une cause progressiste. Elle y voit surtout une manière de pallier les carences du système de santé et craint une logique de tri qui s’effectuerait entre les existences dignes ou non de se poursuivre.

Le texte actuellement étudié à l’Assemblée nationale propose un délai de quinze jours entre la demande et l’exécution du geste létal. Or il faut aujourd’hui, par exemple, six mois d’attente en région parisienne pour une consultation dans un centre antidouleur. Comment soutenir que l’accès à la mort devienne plus rapide que la possibilité d’être soigné ?

Glané sur le site du journal de tous les pouvoirs.