Si, devant des gens
en pleine santé, l’on prononce les mots ordinaires de la nature :
foin, herbe, prairie, saules, fleuves, sapins, montagnes, collines,
on les voit comme touchés par un doigt magique. Les bavards ne
parlent plus. Les forts gonflent doucement leurs muscles sous les
vestes, les rêveurs regardent droit devant eux. Si l’on écoutait
à ce moment là la petite voix de leur âme, on entendrait qu’elle
dit : voilà ! Comme si elle était enfin arrivée.
Jean Giono, Aux sources mêmes de l'espérance
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