En fait, une nouvelle forme de censure ne reposant plus sur l'interdiction et le manque mais sur l'excès, voire le gavage, nous menaçait au plus profond de nous-mêmes, nous empêchant de prendre de la distance, aussi bien pour penser que pour rêver.
Ainsi,
en suis-je venue à l'idée d'un « trop de réalité »,
non sans être en prise de vertige à en reconnaître les effets dans
tous les domaines, qu'il s'agisse de l'information, de
l'alimentation, de l'habillement, sans parler des loisirs.
Pire,
ce « trop de réalité » était en train de devenir notre
seule et unique réalité, imposant sa positivité mensongère à
travers ce que j'ai appelé un langage de synthèse, propre à
faciliter le formatage de nos façons d'être et de penser, pour
produire autant d'idées dans corps que de corps sans idées. Ce
constat, je le faisais il y a dix ans, rien depuis n'est venu
infirmer les sinistres perspectives.
Annie
Le Brun, Nouvelles
servitudes volontaires
2 commentaires:
Pas la peine, cher promeneur, de publier ceci : une petite faute de frappe a transformé le en la (Ce constat, je la faisais...), de même le nom de l'excellente Annie est en deux mots... Bien à vous
Décidément, je suis bien lu et je me relis mal. Merci à vous, cher inconsolable, j'ai rectifié mes erreurs.
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