mardi 17 juin 2025

Dans les solitudes

 

" Les hommes sont bien malheureux, se disait Angelo. Tout le beau se fait sans eux. Le choléra et les mots d'ordre sont de leur fabrication. Ils écument de jalousie ou périssent d'ennui, ce qui revient au même s'il ne leur est pas donné d'intervenir. Et s'ils interviennent, alors c'est la prime à l'hypocrisie et au délire. Il suffit d'être ici ou dans les solitudes que je traversais à cheval l'autre jour pour savoir où se trouvent les vrais combats, pour devenir très difficile sur les victoires à remporter. Somme toute pour ne plus se contenter de peu."

Jean Giono, Le hussard sur le toit 

mardi 3 juin 2025

Goûts

 


Ce barbon, vieux poète, disait qu’il ne les aimait...

pas forcément belles, bien que, comme tout pékin moyen, je ne refuse pas ma part de beauté dans cette vallée de larmes. Pas forcément belles donc, mais impérativement étrangères à mon monde. M’offrant dans les traits de leur visage, leur vêture ou l’atmosphère qui naît de leurs gestes, une promesse de dépaysement. Moins pour m’entraîner dans des aventures mirifiques, ou des destinations aristocratiques, que pour partager notre bienveillante étrangeté, le sentiment que d’autres ponants scintillent loin du théâtre local. Cela pourrait être une banlieue pavillonnaire avec d’étranges fleurs. Les jardins aux parfums humides d’un pavillon crépusculaire. Une sous-préfecture ensommeillée, heureusement oubliée par le progrès. Une rue cerclée de buildings dans une cité d’Amérique. Une chambre sous les toits où gisent les guipures odorantes de celle qui l’habite. Un appartement aux hauts murs frais au centre du Caire. Bref, qu’avec ses baisers, le parfum de ses cheveux m’offre un ailleurs que je ne trouve plus en moi.