Le corps vêtu d’une bure en fleurs du ciel
les pieds chaussés de sandales en poil de tortue
à la main un arc en corne de lièvre
pour abattre le démon de l’ignorance.
Han-shan, 9e siècle.
Le corps vêtu d’une bure en fleurs du ciel
les pieds chaussés de sandales en poil de tortue
à la main un arc en corne de lièvre
pour abattre le démon de l’ignorance.
Han-shan, 9e siècle.
Les collègues de Pièce & Main d'Oeuvre nous alertent : l’Assurance maladie est en train d'ouvrir d’office un « coffre-fort numérique » pour chaque usager, incluant un dossier médical qui contiendra tous ses documents médicaux (historique de soins des 12 derniers mois, résultats d’examens,
antécédents médicaux, comptes-rendus d’hospitalisations, coordonnées de
vos proches à prévenir en cas d’urgence, directives anticipées pour
votre fin de vie). Faute d'un
refus explicite, le dossier est créé avec toutes les conséquences possibles pour l'avenir.
Celles et ceux qui, refusant le pillage automatique de leurs données médicales, ont tenté de s’opposer à ce coup de force, ont téléphoné au 3422, comme indiqué sur le site Mon espace santé, afin de signifier leur refus. Bizarrement, ce centre d'appel était constamment en dérangement. On trouvera le détail de ce nouveau resserrement du filet ici et là.
Il y a cent ans, le 2 février 1922, paraissait Ulysses de James Joyce. Que cette date, pas plus arbitraire qu'une autre, nous invite, sans autres prétextes, à (re)découvrir ce que fit Léopold Bloom et quelques autres, à Dublin, lors de la journée du 16 juin 1904.
On peut poser la question en des termes crus : est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres, en pouvant les contaminer et en pouvant prendre une place en soins intensifs nécessaire pour un autre patient ?
Martin Hirsch, Directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris
Il nous est donné, à toutes comme à tous, d'entendre de belles dégueulasseries. Cette époque en regorge tellement que l'on en vient à acquérir une manière d'immunité spéciale, un durcissement de l'âme et de l'épiderme. Il arrive pourtant que certaines vous piquent plus crûment, vous tirant de cette insensibilité finalement très moderne qui permet à la survie de prospérer.
Les derniers balbutiements d'un Hirsch prouvent, s'il le fallait encore, à quel point nos maîtres n'ont que faire du serment d'Hippocrate et, plus largement, du simple devoir d'humanité. Au-delà des répugnantes déclarations d'un de ses plus larvesques missi dominici, s'affirme la continuation d'un projet que nul appel à la raison, ou à la morale, ne pourra détourner de son but : la continuation du techno-capitalisme par tous les moyens. Pour celles et ceux qui voudraient encore en douter, ce dernier épisode en devrait être l'une des plus évidentes démonstrations.
Ici, Casto nous cause des deux activités qui visent, chacune à leur façon, l'autonomie de l'être. Que l'on partage, ou pas, les propos du grec ne nous dispensera pas d'entendre l'exposé de cette pensée bien structurée. En cette basse époque d'assertions twittées, cela ne pourra faire que du bien à notre caboche. Sinon, retournez chez Netflix vous sabouler les neurones.
"Des millions d’Indiens ont été accueillis par une bonne nouvelle le 19 novembre, lorsque Narendra Modi, le Premier ministre indien, a annoncé l’intention de son gouvernement d’abroger les trois projets de loi sur l’agriculture, destinés à « réparer » le secteur agricole en difficulté du pays. (...) Ce recul de l’homme dominant qui a fait passer des politiques très néfastes tout en prônant un discours hyper-nationaliste basé sur l’ultra-droite Hindutva, balayant toutes les critiques - souvent par la force brute - a de quoi réjouir."
Le 30 mars dernier, nous parlions ici de la lutte des paysans indiens contre les projets de loi favorables à l'agro-indusrie la plus prédatrice promulgués par le gouvernement d'ultra-droite de Narendra Modi. L'obstination, le courage et le mode d'organisation des paysans ont porté leurs fruits : ils ont fait reculer (au prix de 700 morts) la clique de Modi comme l'explique avec précision dans son article Sushovan Dhar.
Ajoutons que le mouvement des agriculteurs s’est également transformé en un
mouvement politique s’opposant aux tactiques de polarisation
communautaire fomentées par le gouvernement Modi. Il a contribué à la résolution de certaines de ces tensions inter communautaires, notamment dans
l’ouest de l’Uttar Pradesh entre Jats et Musulmans, où les deux communautés
se déchiraient à la suite des émeutes communautaires de 2013. A suivre, donc...
Et puis, de toute façon, il est indéniable que nous ne faisons qu'un seul usage du temps qui nous est accordé : nous le perdons, nous ne savons rien faire d'autre que le perdre, et tout le travail de notre conscience, avec ses souvenirs et ses falsifications, est une recherche du temps gâché, minutieuse et désespérée ; et si quelqu'un nous transmet quelque chose avant de s'en aller, nous ne sommes pas venus au monde pour résoudre les énigmes mais pour les conserver intactes, et les transmettre à notre tour encore plus incompréhensibles que lorsque nous les avons reçues.
Emanuele Trévi, Songes et Fables
Johann Chapoutot, l'un des historiens les plus intéressants de notre époque, vient de commettre un livre : Le Grand récit, Une introduction à l'histoire de notre temps. Il y analyse l'actualité, passée et présente, des récits, petits ou grands, qui structurent notre weltanschauung et, plus largement, donnent un sens aux groupes sociaux comme aux individus.
Dans l'entretien qu'il accorde à Soumaya Benaissa pour le magazine Blast, il décrypte, comme l'annonce le résumé de l'entretien, "les récits qui du complotisme au déclinisme en passant par le "bullshitisme" s'imposent dans l'espace contemporain".
"Qu’il soit une zoonose transmise par la chauve-souris et le pangolin émissaire, ou le résultat d’une fuite de laboratoire, le coronavirus qui nous place sous la coupe des scientifiques est lui-même un produit de l’organisation scientifique du monde. De la vie sur Terre soumise à la perpétuelle “révolution” techno-scientifique depuis deux cent ans."
Les camarades grenoblois de Pièces & Main-d’Oeuvre
nous livrent présentement Le Règne machinal. Ce travail lucide, précis et extrêmement bien argumenté a été débuté au printemps 2020 pour être revu et augmenté récemment. Il offre l'occasion de réfléchir, à tête reposée, sur les origines de l'épidémie actuelle ainsi que sur notre incarcération dans un monde de plus en plus machinique.